karfa93

Aléa jacta es

           Dans quelques jours nous allons assister à un remake d’un autre naufrage, moins médiatisé, mais tout aussi célèbre que celui du Titanic, celui du paquebot France.

           Cependant, à l’instar de celui du Titanic, où le commandant s’est montré digne, le capitaine de notre bateau France, lui serait plutôt à comparer avec celui du Concordia, qui préféra naviguer trop près des côtes afin de satisfaire l’égo de quelques nantis.

           Notre capitaine, (celui du bateau France), s’est brûlé les ailes à vouloir exercer son pouvoir qui consistait à exaucer, sans ménagement les désidératas des plus riches. Il espère sans doute que ces derniers lui renverront l’ascenseur lorsque le moment sera venu, mais ceci est moins sûr, les grands argentiers de ce monde ne sont pas toujours reconnaissants auprès de leurs faire-valoir.

           En navigant trop près des côtes du mépris, de l’intolérance et de la fourberie, notre commandant a volontairement mené son navire, pardon notre navire, droit sur les esquifs.

           Dans cette catastrophe, de nombreuses victimes seront hélas à déplorer, une bonne moitié des passagers, victimes innocentes sacrifiées sur l’autel du blig-blig de la luxure et de la haute finance qui ont durant cette traversée engrangés tant de dividendes que cela en devenait indécent, alors qu’ils regardaient en rigolant se noyer les passagers.

           Mais nous devrions compter hélas d’autres victimes collatérales, sur la partie restante des passagers, beaucoup vont alors désapprouver la façon de gouverner de leur commandant, ce commandant qu’ils avaient tant vénéré, tant idéalisé et tant sollicité et même abondamment prié, comme certains prient un messie.

           Mais hélas, trois fois hélas, ce commandant n’a rien d’un sauveur, d’un libérateur, au contraire il serait plus proche du capitaine Némo et sa folie des grandeurs que du capitaine Flam.

           Et ce capitaine Némo (Némo, parait-il signifie personne en latin, je trouve que ce nom lui va comme un gant), fera encore bien d’autres victimes au sein même de son équipage, de braves gars pour certains d’antre eux, qui aveuglés par de belles promesses, l’ont suivi (contraints ou forcés pour certains d’entres eux), contre vents et marées dans la tempête qu’ils ont traversée.

           Il dut au cours de sa courte traversée, mater plusieurs tentatives de mutinerie, son propre équipage n’était pas toujours en accord avec lui et avec sa façon de naviguer, il dut pour mener son bateau, afin de combler les postes de ses propres marins dissidents, faire appel à des corsaires, pardon des pirates étrangers pour mener sa barque, espérant séduire les ex-amis de ces mercenaires. A aucun moment, il n'entendit les coups de cornes de brume de son timonier, lui signalant le danger, mais en vain, rien n’y fit, son bateau court toujours droit sur les écueils.

           Espérons seulement que tous ces naufragés ne soient pas attirés par les chants trompeurs de certaines sirènes vivant sur des côtes dangereuses pleines d’écueils, les rivages des extrêmes, présageant une navigation de cabotage encore plus dangereuse que celle hauturière de notre flibustier  enrubanné.

           Espérons que nos naufragés choisissent les bons canaux de sauvetages et n’aillent pas s’écraser une nouvelle fois sur les rochers et qu’ils n’oublient surtout pas que les sirènes sont moitié humaines et moitié démones, et que seuls leurs chants sont harmonieux, comme ce capitaine sur le point de sombrer, il n’avait chez lui que la parole, (qu’il n’a jamais tenue d’ailleurs).

           Karfa93