Dénia IV
Dénia IV
Trois mois s’étaient écoulés lorsque l’alarme retentit à bord de l’Espérance, le chef du commando en faction sur le système voisin le plus proche de Delphini, sur la planète Dénia IV plus exactement. Greg, un mutant FTTT venait d’envoyer un rapport positif. Un groupe de marchants galactiques, venait d’acquérir un cargo d’occasion au nom de la compagnie Cosmotrans, une jeune société de frète, pour assurer des lignes régulières entre Andromède et Cassiopée.
Le trafic commercial entre les deux galaxies était à son balbutiement et la principale entreprise qui en assurait le circuit, la Trans-Galactique And Co avait du mal. Ces premiers voyages venaient tout juste d’arriver à destination, les dix premiers envois remontaient à plus de 400 ans et ils venaient tout juste d’encaisser leurs premiers dividendes.
Certes, le type de marchandise transportée de Cassiopée à Andromède et inversement était introuvable dans l’autre galaxie, et leur rareté à leur destination permettait de vendre ces marchandises avec un prix confortable. Mais dans la plupart des cas ces produits étaient très souvent toxiques et bien que les parois de ces nefs soient plus que renforcées, les prix d’assainissement des soutes en réduisaient fortement les bénéfices.
Greg bien que n’étant pas économiste, ne comprenait pas que l’on puisse investir quasiment à fonds perdus dans une entreprise non rentable. La Trans-Galactique, après renseignement, n’assurait pas ce service d’une façon philanthropique, mais était au cœur d’un vaste empire commercial et ces matières premières leur permettraient de substantiels gains dans d’autres filiales, ce qui se comprenait mieux. Mais cette petite société était seule, et il ne voyait pas la Trans-Galactique lui acheter sa marchandise, ou lui confier de la sous-traitance, alors que leurs propres voyages étaient tout juste rentables pour eux-mêmes.
C’est sur ces déductions que Greg se permit de battre le rappel des troupes.
Derek se trouvait sur Terre en compagnie de Deborah lorsque l’appel de Nora arriva au conseil de sécurité.
En pleine séance du conseil, l’Hypercom retentit coupant la parole à Pat.
-- Alerte de niveau 3 sur Dénia IV, le responsable du commando sur place a semble t-il soulevé un lièvre, il aimerait avoir plus de soutien !
Derek bondit de son siège et sans prêter la moindre attention à la bienséance qui consistait à ce que se soit Pat qui répondit à l’appel, hurla plus qu’il ne parla.
-- Nora, bats le rappel de la milice des mutants qui sont à l’extérieur, qu’ils se tiennent prêts, nous risquons de les récupérer dans les jours qui viennent, passes-nous prendre, Deborah et moi dans l’heure, nous serons prêts !
-- Merci de ton intervention Derek, le conseil en prend bonne note et est ravi de ton enthousiasme et t’autorise à te retirer pour préparer ton départ !
A cet instant, Derek se rendit compte de son manque de tact, mais pour sa défense personnelle, dès que l’action se présentait, il ne se contrôlait plus, il avait de véritables œillères et fonçait tête baissée. Il balbutia quelques mots et réussit à articuler ;
-- Euh… euh, bien sûr, si le conseil me le permet, j’ai...nous avons Deborah et moi …certaines dispositions à prendre pour…ce voyage, aussi, si vous nous permettez, nous allons nous retirer !
Il y eut comme un sourire général et Pat ajouta.
-- Je vous en prie, faites, et dès votre arrivée sur place, envoyez-nous un rapport dès que vous en saurez un peu plus, nous comptons sur vous !
Deborah sur ses talons et encore tout confus, il prit congé du conseil et se retira.
Quatre heures plus tard, ils étaient en orbite autour de la planète Dénia IV, Greg avait réintégré le bord et depuis dix minutes leurs fournissait tous les renseignements qu’il avait en sa possession.
-- Dès notre arrivée, il y a trois mois, nous avons, mes compagnons et moi, pris possession de trois ressortissants occupant de hautes fonctions. Mes coéquipiers ont investi, pour l’un d’entre eux, un grand ponte de la Trans-Galactique And Co, pour l’autre un haut responsable de l’agence intergalactique de l’émigration, quand à moi, j’ai occupé l’esprit d’un haut fonctionnaire du commerce intergalactique !
--Dans un premier temps, ignorant l’emploi du temps personnel de nos cibles, j’ai préconisé à mon équipe de ne pas nous substituer complètement à nos hôtes mais au contraire de les posséder incognito, leur laissant leur libre-arbitre, si bien que nous pouvons jouer notre rôle d’observateur sans attirer leur attention !
-- Notre vigilance n’a pas été vaine, car il y a huit jours, une demande de licence d’exploitation commerciale a été déposée sur le bureau de mon hôte. Motif de la demande, exploitation d’une ligne commerciale de Delphini pour Qasr, une planète située en proche banlieue d’Andromède. La marchandise affrétée est principalement de l’iridium lourd, Andromède en réclame de plus en plus, l’utilisation de cette marchandise a triplé depuis 1 000 ans et ils sont dans l’obligation d’en importer d’autres galaxies pour subvenir à leurs besoins !
-- Avez-vous des détails sur la nef utilisée ? Questionna Derek.
-- Le transitaire m’a fourni un pré-listing, d’après ces lettres de change, il s’agit d’un cargo trans-galactique de type III qui date de 450 ans. Dix soutes de 30 000 m3, en arkan, composées de cinq enveloppes triples couches, une équipe de la H.S.S (hygiène et sécurité sidérale), le S.A.S, le service de l’autorité sanitaire, a été mandaté pour la visite de sécurité. J’aurais plus de détails dans 48 heures, marque, dimensions, équipement à bord, équipage, son degré réel de protection et l’itinéraire complet du navire !
-- C’est quoi exactement cet arkan ?
-- De l’acier 10 points, d’après ce que j’ai compris, on ne fait pas mieux en protection corrosive et radioactive, obligatoire parait-il pour ce genre de transport de nos jours !
-- De l’iridium lourd, je croyais que ce type de marchandise se transportait dans de vieux rafiots, car après, la nef est foutue, seule une refonte complète du métal peut décontaminer le navire ! Pansa tout haut Derek.
-- Plus maintenant, corrigea Nora, la SSS, (la sécurité sanitaire spatiale), exige ce nouvel acier, et lorsque le transport est terminé, des robots nettoyeurs enlèvent la couche intérieur de la soute, et décontamine la couche suivante. Seule la couche démontée repasse en fusion complète, ce procédé est non seulement plus économique, car on conserve le navire, mais la sécurité s’en trouve renforcée car les affréteurs ne sont plus tentés de refaire un voyage pour amortir leur transport !
-- Et les documents de colisage indiquaient-ils le nom des clients pour lesquels cette société Cosmotrans va travailler ?
-- Hélas non, ces documents sont opaques, ils n’intéressent que le service de sécurité, ce sont juste des listes des points de sécurité à contrôler. Cependant, lors de la déclaration de conformité, les documents de destination finale doivent être visés, les papiers personnels du navire, du commandant, de l’équipage et le nom du destinataire final doivent impérativement être fourni en vue de leur émargement !
-- Comment se passe ce contrôle, demanda Derek !
-- Ce contrôle n’est en principe qu’une formalité, il est rare que les enquêteurs se rendent à bord, cela se passe dans un bureau !
-- Y a-t-il des contrôles effectués auprès des sociétés de destinations ? S’interrogea Derek.
-- Non, en principe cette vérification n’est jamais effectuée, les distances sont si considérables, et uniquement en cas de pépin et dans le cas présent, on ne sera au courant que dans 450 ans si tout s’est bien passé !
-- Mais, Nora, dit-moi, l’ordinateur de bord ne doit-il pas envoyer de rapport hebdomadaire comme on le faisait autrefois ?
-- En principe oui, c’est toujours d’actualité, mais rien n’empêche de falsifier la position relative du navire lors de ces rapports, si bien qu’il est impossible de savoir ou se trouve réellement la nef ! Répondit Nora.
Deborah crut bon de rajouter.
-- Si bien que le navire peut émerger n’importe où dans la galaxie d’Andromède, étant donné qu’ils possèdent la technologie du compensateur de structure, étant donné que nos instruments ont à peine réagi lorsqu’ils nous ont échappés. Comme de surcroît, la technique aérospatiale d’Andromède ne connait pas ce principe, ils pourront y débarquer incognito !
-- Mais alors, pourquoi n’ont-ils pas débarqué directement dans la galaxie d’Andromède, s’ils sont indétectables à leurs instruments, ils auraient gagné du temps conclut-elle ?
-- On en a déjà parlé dit Derek, ce compensateur n’est pas parfait, et le derviche n’était pas idiot, et n’avait pas voulu prendre de risque. De plus, il est plus vicelard que ca, il se doutait que nous évincerons son piège. Il a beaucoup appris de nous lors de l’épisode du transmetteur spatial, il savait qu’en cas de nécessité absolue, nous aurions fait alliance avec la confédération d’Andromède pour se liguer contre sa tentative, comme nous l’avons fait a*vec celle de Sirius. Aussi, il a imaginé ce petit subterfuge qui consiste à tenter une diversion en improvisant un point de chute dans la galaxie de Cassiopée, dans l’espoir que nous tombions dans le panneau. Mais le centre des sciences et de la technique où il pourra mener à bien son entreprise se trouve dans la galaxie d’Andromède, c’est incontournable, il ne peut faire autrement !
Et Derek poursuivit son explication.
-- D’où sa ruse à nous faire croire que son objectif est Cassiopée et il pense que l’on va s’évertuer à le chercher dans cette nébuleuse alors qu’il sera déjà loin. De plus, le délai de 450 ans qu’imposent les voyages entres les deux galaxies, travaille à son profit, il en profitera pour se faire oublier, ce qui lui confère une double sécurité…tout au moins à ce qu’il pense !
-- Qu’il pensait, tu veux dire ! Rectifia Deborah.
-- Oui, bon, ne rêvons pas, Greg, tu n’as bien sûr aucune idée de la tête de ces voyageurs par hasard ?
-- Hélas non, mais cela peut s’arranger, lors de la remise des bordereaux d’autorisation, un de nos hommes pourrait prendre en charge le commis de mission et remonter ainsi jusqu’aux commanditaires, qu’en pensez-vous ? Demanda Greg.
-- Excellente idée, répliqua Derek, Greg, peux-tu t’en charger, tu as fais preuve de beaucoup de discernements dans cette affaire et il est normal que je te confie cette mission. Inutile de te rappeler la prudence lorsque tu approcheras ces hommes et si possible que la commission de contrôle vérifie les soutes, ne serait-ce que pour s’assurer de leur conformité !
-- Entre temps, Nora, toi, peux-tu interroger les bandes de données commerciales de Qasr, et voir si ce projet marchant existe, c’est possible ?
-- La vérification est en cours depuis cinq bonnes minutes, répliqua Nora !
-- Merci, bon Greg, tu peux regagner la planète, et dès la prise de contact avec les mandataires, on passe en code orange, niveau 2, un rapport toutes les heures !
La procédure des codes étaient simple, code vert, écourte et observation d’une façon générale sans prise de contacte, rapport tous les semaines. Code orange, écoute, observation et filature éventuelle des personnes surveillés, rapport toutes les vingt quatre heures. Code rouge, écoute, observation, filature et intervention éventuelle des personnes surveillées, rapport toutes les heures.
Les codes orange et rouge étaient eux-mêmes subdivisés en trois niveaux d’alerte. Niveau 1, les équipes agissaient seules, niveau 2, les équipes étaient secondées et protégées par une autre équipe en couverture, quand au niveau 3, phase maximum de précautions, la ou les équipes sont sous la protection de l’ensemble du dispositif. Dans les 3 niveaux du code orange, les possessions restaient passives, le sujet n’était pas conscient qu’il émergeait un hôte. Par contre, celles du code rouge, pouvaient impliquer un contrôle total et forcé de l’individu possédé.
-- Et fais toi seconder par un de tes hommes, Greg, au moindre pépin, code rouge et en alerte maximum ensuite décrochez aussitôt, je ne veux pas d’embrouille, c’est compris ?
-- Compris, répliqua Greg, un rapport par heure, et une fouille complète du navire, c’est entendu ! Et il se téléporta sur la planète.
Une heure plus tard, la réponse aux investigations de Nora concernant la véracité des contactes de la Cosmotrans était prouvée, cette transaction commerciale s’est faite par cosmo-fac, il n’y a pas eu de contact entre les sociétés, et pour cause, mais cette procédure était légale et courante, on ne pouvait rien trouver à redire.
La Cosmotrans était bien mandatée pour transborder de l’iridium lourd entre les deux galaxies. La société réceptrice sur Qasr, l’Iridium-Compagnie n’était pas une compagnie fantôme. Elle existait bien et détenait le monopole de ce produit pour le système solaire du secteur dont elle dépendait et était d’ailleurs en concurrence sévère avec une filiale de la Trans-Galactique And Co dans le reste de cette nébuleuse.
Ils voyaient comme une opportunité d’intensifier le marché d’Iridium, et voyaient dans la démarche de la compagnie Trans-Galactique And Co, une concurrente à éliminer, et la venue sur le marché du transport de la Cosmotrans a été accueillie comme une aubaine favorisant leur dessin d’écarter les ambitions commerciales de la Trans-Galactique.
Derek réfléchit, l’authenticité de la démarche ne dédouane pas pour autant la Cosmotrans. Il fallait continuer les recherches et démêler les arcannes de cette société, si arcannes il y avait. De toutes les façons, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire, aussi enquêter sur cette compagnie, même pour rien ou se tourner les pouces, cela aurait toujours l’avantage de les occuper un peu, et il fallait absolument être sûr à 100% de la transparence de ces gens avant qu’ils ne partent, car on ne pouvait pas les suivre sur 450 ans.
Quarante-huit heures plus tard, le verdict tomba, la commission de sécurité effectua comme par hasard une vérification complète du navire et l’autorisation de chargement fut refusée, les soutes réservoirs n’étaient pas conformes aux normes de sécurité. Par contre, les moteurs étaient flambant neufs, Greg qui avait investi l’esprit du responsable de la commission d’enquête, bien que n’ayant qu’une faible notion d’astro-motoriste, et originaire d’une autre galaxie, eut le temps d’apercevoir, outre son convertisseur neuf, un assemblage technologique qu’il n’avait jamais vu avant sur un cargo de transport intergalactique. Le matériel servant à naviguer entre les étoiles, se ressemblant plus ou moins entre eux, héritage sans doute des Veilleurs.
A sa demande d’explication, motivée par la simple curiosité, il lui fut répondu qu’il s’agissait d’un recycleur d’oxygène, ancien model, qu’ils n’avaient pas voulu modifier par manque de moyen, il marchait encore très bien et la dépense n’était pas justifiée. Greg, ne voulant pas leur mettre la puce à l’oreille n’insista pas, prétextant que cela n’entrait pas dans les points de sécurité prescrits pour obtenir l’autorisation d’embarquement.
-- Tu as tenté de lire en eux, demanda Derek ?
-- Affirmatif, je n’ai eu d’ailleurs aucune difficulté à le faire, les hommes qui se trouvaient à bord, n’étaient pas l’équipage de l’aéronef, seulement l’équipe chargée par les propriétaires des modifications à effectuer pour la conformité !
-- Acceptes-tu que Nora fouille ton cerveau pour y puiser l’image de cet appareillage spécial que tu as aperçu à bord ?
Derek avait posé la question par pure politesse, la loi d’exception lui permettait de le faire en se passant de son accord.
-- Aucun problème, je suis à sa disposition, répondit Greg !
Derek sortit un étrange appareillage et commença les branchements nécessaires à l’opération.
-- Vous souvenez-vous de N’Darbor, le Naacan du conseil ? À ma demande, il a confectionné ce petit appareillage pouvant lire les images formées dans tous les esprits, d’êtres vivants, humains ou non, pratique non ?
-- Nora peux-tu nous faire un léger topo sur son fonctionnement, léger, hein, ne t’embarques pas dans une conférence psychotechnique sur le sujet, mais suffisamment pour ne pas finir idiot !
-- Très bien, dit Nora, N’Darbor, a réussi à encoder la mémoire à long terme du cerveau, dans les régions CA1 et CA3 de l’hippocampe comme les nomment plus précisément les spécialistes du cerveau. C’est l’endroit qui est responsable du processus de l’apprentissage de la mémoire, triant et modulant les informations disponibles dans la mémoire à court terme en vue de son stockage ultérieur dans la mémoire à long terme. Grâce à cet appareil, en demandant au sujet de se concentrer sur des souvenirs bien précis, on peut enregistrer les signaux émis par son hippocampe. Cette machine peut alors les transférer numériquement sur n’importe quels supports informatiques, ou dans n’importe quels autres cerveaux humains ou non. Cet appareil finalement sert à la fois d’enregistreur de mémoire, mais aussi de transfère d’information directement d’esprit à esprit, d’un sujet à l’autre !
-- De la télépathie entre sujets non-télépathes en quelque sorte, si j’ai bien compris, dit Greg !
-- A long terme, oui, c’est bien le but recherché, ce qui mettrait à égalité télépathes et non-télépathes, mais les travaux de N’Darbor n’en sont pas encore rendus à ce stade ! Compléta Nora.
Derek avait finit de brancher les dernières électrodes sur les tempes de Greg et reprit la parole.
-- Très bien Greg, ne t’inquiètes pas, c’est parfaitement indolore, Deborah et moi l’avons personnellement expérimenté. Pas l’un envers l’autre puisque nous sommes télépathes, mais avec Nora, tandis que l’un servait de cobaye, l’autre vérifiait si les images envoyées étaient en phase avec les résultats que recevait Nora. Les conclusions sont sans appel, ce fut une réussite totale, maintenant, penses fortement à ces machines que tu as aperçues dans la nef de la Cosmotrans !
Quelques secondes plus tard, des images d’une très grande netteté du soi-disant recycleur d’oxygène, apparurent sur l’écran mural de la salle.
-- Ce recycleur ressemble à s’y méprendre à un compensateur de structure, dit Nora, j’attends pour plus de sureté, confirmation de la Terre, cette technique est avant tout terrienne, et Bob doit l’authentifier d’une façon formelle !
-- Bob, s’écria en cœur les membres du commando !
-- Ah, pardon, Bob c’est l’ordinateur terrien, je l’ai appelé ainsi pour simplifier nos rapports !
-- Ah, c’est fait, il vient de me transmettre son avis, il s’agit bien d’un compensateur de structure, d’un model différant que ceux utilisés par nos amis terriens, mais il est certain, c’est bien ça. Il ressemble comme deux gouttes d’eau à ceux retrouvés sur les nefs de débarquement du Derviche, c’est une technicité extra-univers, même les terriens n’en connaissent pas encore complètement le principe, ils travaillent dessus à l’heure actuelle. À ce propos, ils ont réussi à décortiquer une des nefs du Derviche et sont sur le point de comprendre le fonctionnement, c’est plutôt une bonne nouvelle, non ?
-- Excellente en effet, et ton ami Bob, vient par sa réponse de nous confirmer que nous avons mis la main sur notre commando, c’est vraiment de bonnes nouvelles, s’exclama Derek !
-- Autre chose, reprit Derek, Greg, à tout hasard, as-tu pu voir le visage de nos lascars dans l’esprit des techniciens de l’astroport ?
-- Affirmatif, les voici, et il se concentra à nouveau !
Des images prirent forme sur l’écran et Nora les fit pivoter en fonction des infos fournies par Greg, des images 3D se mirent à tourner sur elles-mêmes.
C’était un homme de forte stature, légèrement hyper-céphalé, avec la face blafarde, typique des habitants de ce globe, son vêtement était fait d’une tunique très colorée comme les portaient les gens d’ici, rien de bien spécial en sorte.
C’était quand même bizarre, le Derviche aurait recruté des hommes de Dénia IV dans son commando suicide, Derek était quand même désemparé.
-- Que se passe-t-il Derek, tu as l’air soucieux, qu’est-ce qui te chagrine dans le fait que ce soit des gens du coin ?
-- Pour l’escorte militaire, je veux bien, les Déniens sont costauds et assez obéissants mais je les vois mal dans la peau de scientifiques. Leur niveau intellectuel avec tout le respect que je leurs doit ne dépasse guère le niveau du cycle I, soit la phase primaire, aussi de les imaginer dans le rôle de savants cultivés et prévaricateurs, non, cela ne colle pas !
Ou bien il s’était fourvoyé complètement en voulant comprendre leur but, ou bien, non cela ne collait pas, il ne pouvait pas s’imaginer autre chose.
-- Résumons, ou bien notre unité de choc est composée uniquement de militaires, et dans ce cas, les Déniens font parfaitement l’affaire. Ils sont chez eux, et peuvent parfaitement lever des troupes sur place, n’oublions pas que la presque totalité des postes clefs sont tenus par des Andromèdiens ou leurs descendants et à la longue, une forme de xénophobie n’est pas à exclure. Dans ce cas, les troubles aussi forts seraient-ils, ne seraient qu’une diversion pour une opération plus importante !
-- Je confirme, la xénophobie, si elle n’est pas ouvertement extériorisée, elle est présente à l’état latent, elle se ressent à tous les échelons hiérarchiques de la société civile et professionnelle, confirma Greg !
-- Non, reprit Derek, cela n’explique pas le cargo pour une expédition vers Andromède, et les Déniens sont incapables de brancher ce compensateur de structure. Cela leurs demanderaient un savoir de haut niveau pour avoir démonté cet appareil de leur nef et pour le remonter dans le cargo !
-- L’état des soutes, avant remise en état, semblait plutôt démontrer qu’il n’était pas dans leur intention de transporter de l’iridium lourd, alors que leur convertisseur flambant neuf donnait, lui, à penser, par contre, qu’ils avaient bien l’intention de voyager et loin semble-t-il !
-- Rien n’exclu leur plan d’attaque sous deux fronts, dit Nora. Des commandos sur Dénia IV ou sur le système voisin qui après avoir recruté et formé des troupes, semant la terreur dans Cassiopée, en guise de diversion ; pendant qu’une équipe de scientifiques opère en cachette quelque part dans la galaxie d’Andromède sur un projet encore plus diabolique que les premiers envisagés !
-- Oui, dit Derek, une armée de l’ombre chargée de fomenter une révolte, un conflit galactique, voir extragalactique dans la galaxie de Cassiopée, justifié par la main mise d’Andromède sur Cassiopée. Et dès que le groupe de scientifiques aura rejoint la planète Qasr, commencer la révolution…oh, il me vient une idée, Nora, vérifies les origines historiques de Qasr, j’ai un mauvais pressentiment !
Nora ne répondit pas, mais s’était mise au travail, tendit que Derek continuait de réfléchir et Greg reprit la parole.
-- Je me suis trompé, ces images sont celles que j’ai volées dans l’esprit de l’agent de l’astroport qui m’a remis les documents à signer, mais pas celles des techniciens chargés des réparations. Les images que j’ai dérobées dans leurs esprits, les voici, et il se rebrancha lui-même les électrodes sur ses tempes et Nora reconstitua ces projections psychiques !
Les images renvoyées par l’écran était apparemment les mêmes que celles du commanditaire de la base, mais avec un petit détail, le personnage qu’elles représentaient avait quelque chose de différent, mais quoi.
-- Il y a un truc bizarre, dit Greg, regardez bien les images transmises par l’esprit des Déniens, elles m’ont parues étranges, mais je ne vois pas quoi !
D’autres visages de Déniens se dessinaient sur l’écran, et Nora vit de suite ce qui clochait.
-- La perspective, c’est la perspective, où bien, ces hommes, les techniciens de la base étaient assis, où bien l’homme qu’ils regardent est exceptionnellement grand, vous ne trouvez pas. Il y a un bon cinquante centimètre de différence de taille entre eux, ce Dénien est vraiment très grand !
-- Oui, c’est bien ca, je n’arrivais pas à comprendre mon malaise lorsque je me remémorais ces images, c’est bien ça, il est plus grand, mais cela ne se voyait pas de prime abord. Les Déniens mesurent au grand maximum 1, 95 mètres, et cet individu mesure au moins cinquante centimètres de plus qu’eux ! Continua Greg.
-- Oui, confirma Nora, ce personnage toise quasiment les deux mètres cinquante, cela est invraisemblable, il est bien possible que nous tenons un des hommes de notre commando !
Derek avait le nez collé sur l’écran, come s’il voulait l’avaler.
-- Nora, envoie un scan à la Terre et à la fédération Sirienne, que toutes leurs unités astro navales entreprennent des recherches, à travers l’Univers, ils sont aussi grands que des Naacans, il faut absolument trouver leur planète d’origine. Ils font partie de notre Univers, j’en mettrais ma tête à couper !
-- Comment les équipes du port réagissent-elles en sa présence, ont-elles de l’étonnement, de la crainte, ou de la superstition, as-tu ressenti leur état d’esprit, demanda Derek à Greg ?
-- Non, rien de spécial, de l’étonnement à la limite, mais aucune crainte, ni servitude, ils ne semblent pas comprendre, mais trouvent cela naturel, veux-tu que je creuse un peu ?
-- Oui, s’il te plait, cherches quand même à savoir s’il y a d’autres types de cette taille sur la planète ou bien ce type reste une exception !
-- Derek, je viens de recevoir les renseignements que tu m’as demandés sur Qasr, durant la grande guerre galactique, entre humains et non-humains, il y a environ 6 000 ans, Qasr était une des principales places fortes de la résistance humaine. Il s’y développa une industrie militaire et un centre de recherches sur les armes de guerre, au point qu’une université militaire y vit le jour. Elle a depuis été convertie en une immense académie de recherche civile et ce centre est l’un des meilleurs centres d’étude de la galaxie d’Andromède !
-- C’est un peu ce que je craignais, il s’y trouve toutes les structures nécessaires pour y développer une activité scientifique militaire de pointe. Si la révolte de Cassiopée est suffisamment importante, il se pourrait bien que ce centre reçoive l’ordre de reprendre du service, et cette agitation pourrait bien masquer un projet plus dommageable qu’une simple riposte militaire. Venant du Derviche, le but visé ira bien au-delà du conflit galactique, ce serait trop simple, il faut s’attendre à une destruction totale de l’Univers !
-- Ca c’est plus dans les cordes du Veilleur félon, un procédé aussi démoniaque pourrait bien porter la griffe du Derviche ! Exhorta Derek pour conclure.
-- Bon, Greg, tu redescends et tu te renseignes un peu plus sur ce ou ces géants, mais fais gaffe à toi, si tu sens le moindre problème, n’hésites pas, appelles, je descendrai personnellement à la tête d’une escouade de sujets psy !
-- Quant à nous, essayons d’imaginer une marge à suivre !
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