karfa93

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Cache-cache planétaire

Cache-cache planétaire

 

 

          Quelques minutes plus tard, Nora rajouta.

 

          -- Cette fois, il y a du nouveau, j’ai mis en branle les circuits de secours et durant très exactement 3/10ème de seconde après leurs activations, ils se sont saturés avant de retomber dans un silence total !

 

          Les circuits bios ont réagi et les caméras ont filmé un spectre qui a disparu dès ce laps de temps passé, je suis en train d’essayer de reconstituer l’image !

Trois minutes plus tard, la silhouette qui avait fait son apparition si brièvement se dessina enfin sur l’écran mural.

 

          Ce que nous apercevons  différait totalement de ce que les sondes nous laissaient voir actuellement, les détecteurs montraient des paysages vierges alors qu’aux mêmes endroits, la vision fugace que nous a transmis le circuit de secours, dévoilait une grande métropole avec une foule de gens dans les rues et avenues.

 

          Un agrandissement de l’image révéla que la population était bien homo sapience, et pouvait parfaitement passer pour les ancêtres de Derek, les détails vestimentaires dénotaient  que leurs créateurs avaient un goût prononcé pour l’élégance et un sens du pratique évident.

 J’étais entrain de visionner les images que Nora me proposait à l’écran lorsqu’elle reprit la parole.

 

          -- Je crois bien que je viens de trouver la panne… !

 

          Elle laissa volontairement sa phrase en suspens.

 

           -- Va s’y accouche ma grande, ne te fais pas prier !

 

           -- Il semblerait qu’un petit malin a bricolé mes circuits !

 

           -- Manipulé tes circuits, je croyais la chose impossible et comment as-tu pu ne pas t’en rendre compte ?

 

          -- Mais au fait, si ça vient de la planète, cela voudrait dire, que les petits malins d’en bas sont infiniment plus évolués que nous pour avoir trompé ta vigilance !

 

          -- Oui, mais il y a plus grave, cela voudrait aussi dire qu’ils nous ont repérés !

 

          -- Tu es sûre que cette panne ne peut être accidentelle ?

 

          Nora éclata de rire.

 

          -- Tu trouves, il faut dans un premier temps repérer mon circuit sensoriel, secundo, réussir à l’inhiber, tertio  remplacer les infos en provenance des sondes et des caméras par un nouveau contenu et tout cela sans que je m’en rende compte, ça fait pas mal de coïncidences pour une panne accidentelle, non, à 100% cela ne peut être un accident !

 

          -- Mais, il y a quand même une bonne nouvelle dans tout ça !

 

          -- Ah oui, tu trouves, on se fait repérer dès la première minute en arrivant et tu me dis qu’il y a quelque chose de positif dans tout ça ! J’aimerai bien savoir laquelle ?

 

          -- Réfléchi Derek, apparemment, pour avoir réussi à tripoter mes circuits internes sans que je m’en rende compte, ils possèdent une technologie qui nous dépasse de loin, j’en ai bien peur, mais, ils ont juste essayé de se dissimuler à notre vue c’est tout; là aussi, c’est la preuve d’une supériorité indéniable, nous, nous savons rendre invisible un vaisseau spatial, mais eux, c’est toute une planète qu’ils dissimulent en nous renvoyant des images fausses et ils ont d’ailleurs bien failli réussir, mais à aucun moment ils ne se sont montrés agressifs envers nous !

 

          -- Voilà  ce que je te propose, je vais brancher et débrancher à intervalle régulier, mon circuit secondaire, un peu comme si l’on cherchait  à réparer un défaut technique, et comme à chaque fois, j’obtiens une image éphémère  de l’endroit que l’on survole, je pourrai ainsi restituer un film assez fiable sur la cartographie du lieu !

 

          -- Et après ?

 

          -- Ensuite, je te propose qu’après avoir évalué la situation, de faire une station fixe à faible altitude sur la ville la plus importante que nous ayons trouvée et de leur envoyer un appel en Intergalact et ceci dans toutes les fréquences possibles !

 

          -- Et s’ils ne répondent pas ?

 

          -- Après, c’est à toi de voir, on atterrit en force avec toutes les conséquences que cela peut entraîner, n’oublie pas que nous n’avons aucune arme à bord, ou bien on repart, mais dans ce cas, cela aurait été dommage de faire une telle route pour en arriver là !

 

          -- Non, dans le message, je leurs expliquerai que j’ai bien détecté leur présence, pour cela, tu leurs enverras des images que nous avons pris de leurs cités, que je suis seul à bord, que personne ne sais que je me trouve dans ce secteur et que je n’ai pas le désire, même en cas de refus de leur part de communiquer avec nous, de trahir leur existence !

 

          -- Bien vu commandant, c’est effectivement une bonne stratégie, ils n’ont incontestablement aucune mauvaise intention envers nous, cette tactique peut s’avérer payante !

 

          -- Tu me donnes du commandant, maintenant, si je ne savais pas qu’un automate ne pouvait être vénal, je te soupçonnerai de vouloir obtenir quelque chose de moi !

Nora ne répondit pas mais j’avais ma petite idée là-dessus.

Depuis le début de notre quête, il faut bien l’avouer c’est elle qui avait tout fait, elle ou Béa, d’ailleurs ce qui est strictement la même chose, je n’ai fais que suivre ses déductions, aussi je suppose que Nora me laissait raisonner seul pour éviter de me vexer, ces fameux circuits du centre de ses émotions, cette zone centrale biotronique était vraiment au point, chapeau à ses créateurs.

 

          Nous fîmes donc une bonne vingtaine de cercles autour de cet astre tout en « prenant des photos » c'est-à-dire qu’à chaque remise en route des capteurs secondaires, une image furtive nous parvenait et Nora en fit un film assez conséquent. 

 

          Nora avait réussi entre temps à analyser le signal envoyé de la planète qui brouillait ces circuits, mais l’empêcher d’agir aurait mis la puce à l’oreille à ces opérateurs.

 

           -- Ok, c’est bon, j’en sais assez sur cette planète pour échafauder une maquette de leurs infrastructures mais, je n’ai pu localiser une ville sortant du lot, une centaine pourrait remplir le rôle de capitale, il va falloir en choisir une au hasard !

 

          -- Montres-moi un peu à quoi ressemble cette planète ?

 

          Un planisphère se montra sur la surface du mur et je pus voir en éclaté les continents se détachant sur l’écran avec la position des métropoles les plus importantes, il n’y avait finalement moins de monde que prévu, de vastes espaces vierges séparaient ces localités, la première chose qui me frappa l’esprit, c’est une absence totale, entre-elles, de voies de communications, aucun véhicule ni terrestre ni volant ne semblait troubler la quiétude des lieux.

 

          Des individus semblaient pourtant évoluer dans ces espaces couverts d’une végétation luxuriante ressemblant par endroit à de la savane et à d’autres endroits à des forêts primaires, et chose étonnante, ces êtres évoluaient dans le même accoutrement que leurs compagnons citadins.

 

                    Certes, il ne s’agissait que d’images fixes, mais l’on pouvait parfaitement se représenter ces hommes se mouvoir, l’image de la caméra les avait captée dans des postures suggérant une démarche tranquille.

 

          Des silhouettes plus petites qui par contre semblaient courir, accompagnaient les créatures plus élancées, alors que d’autres paraissaient assises en cercle, près, le plus étonnant, de quelques huttes, trahissant une quelconque protection habitable en totale rupture avec l’architecture des villes qui sont pourtant toutes proches.

 

          Ce type de spectacle, ne montrant  aucun appareil agraire et les sols ne paraissant pas travaillés, ne pouvait représenter leur paysannerie, mais, exprimait plutôt, une scène quotidienne de villégiature. Si ce n’est que je ne comprenais pas comment ils pouvaient bien se déplacer pour rejoindre leurs villes, les villages semblaient être absents du paysage, seules ces grandes agglomérations sont visibles.

 

          Je choisis une ville au hasard, de la partie tempérée et demanda à Nora de la survoler.

C’est donc en Intergalact et dans une dizaine d’autres langues, à jamais disparues depuis des siècles, que seule Nora comprenait encore et sur une fréquence correspondant à celle qui a corrompu le centre de ces circuits internes, que je transmis mon message à cette population.

Nous n’eûmes pas à répéter la transmission, une réponse nous parvient fort et claire, en Intergalact, Nora brancha le haut-parleur afin que je puisse participer au dialogue.

 

           -- Le bonjour visiteur, vous avez finalement réussi à déjouer notre brouillage ?

 

           -- Le bonjour à vous aussi amis, oui, nous avons réussi ce tour de force, mais honnêtement, cela n’a pas été facile, nous avons bien failli passer notre route sans vous remarquer !

 

           -- Ah, j’ai dit nous dans la conversation, mais je vous confirme que je voyage bien seul, le nous n’étant qu’une façon d’assimiler mon équipage robotisé à notre conversation !

 

          -- Nous sommes parfaitement au courant  du nombre d’occupant de votre vaisseau, et je dois vous prévenir par politesse que nous avons aussi fouillé les bandes mnémoniques de Nora, votre navigatrice, mais vous pouvez être sûr que nous n’avons occasionné aucun dérangement dans ces circuits, nous voulions juste nous assurer de votre bonne foi envers nous !

 

          -- Et vous êtes rassurés, je suppose maintenant !

 

          -- Totalement, nous aurions préféré que vous passiez votre route sans nous démasquer, mais cela n’a pas été le cas, Nora est plus rusée qu’elle n’en a l’air et je dois bien l’avouer, nous a bien possédé dans sa stratégie d’arrêt et de mise en service de vos équipements annexes, nous avions réellement cru que vous essayiez de résoudre un problème technique,  nous n’avions pas voulu espionner tous ces circuits, et elle a dû utiliser ceux que nous avions délaissés, et, bien sûr, nos manœuvres d’égarements sont restées vaines, aussi, si vous désirez descendre à terre, nous serons enchantés de vous recevoir !

 

          Nora prit alors la parole et ajouta.

 

          -- J’avais effectivement ressenti vos tentatives de sondages, sondages auxquels je dois bien le dire, que je ne pouvais m’opposer, aussi, excuses-moi Derek de ne pas t’en avoir informé, mais j’avais peur que nos amis détectent le dialogue que j’aurai pu avoir avec toi à ce sujet!

 

          -- Bon, ce n’est pas grave, quoi qu’il en soit, j’accepte votre invitation de me rendre sur votre planète, heu…vous connaissez le principe de la téléportation ?

 

          -- Oui soyez sans crainte, j’ai déjà envoyé une image numérisée à Nora de l’endroit où elle doit vous téléporter, il s’agit de la salle de conférence où nous nous trouvons, le conseil et moi. Ah ! Au fait, je m’appelle Kervial, nous vous attendons !

 

          Nora me déposa dans une salle, près d’une grande table où siégeait une dizaine de personnes hommes, femmes et adolescents sans distinction, qui à mon arrivée, se levèrent d’’un seul bloc, me saluèrent et se rassirent.

Kervial prit la parole.

 

          -- Merci d’avoir répondu affirmativement à notre invitation,  et en désignant un personnage à ma droite, je vous présente dans l’ordre, ma femme Eleonora, à chaque évocation de leur nom, chacun se leva et se rassit,  ma fille Deborah, mon frère Krant, sa femme Sharode, leur fils Rang, plus loin, Monica leur fille, en face Blad, un ami, sa femme Krista, leurs deux fils Alex et Ken et enfin Crant, le frère de Krista, quant à moi je ne me présente pas, je l’ai fait tout à l’heure !

 

          Il s’adressa ensuite à toutes les personnes présentes autour de la table.

 

          -- Chers amis, voici Derek, mais vous le connaissez déjà tous !

J’étais flatté de savoir que tous ces gens semblaient me connaître et en même temps un peu embarrassé, que toutes ces personnes semblaient  en savoir plus sur mon compte que moi sur eux.

 

          -- Avant de commencer, désirez-vous rester ici, enfermé entre ces quatre murs ou voulez-vous que nous sortions en pleine air, dans un décor plus champêtre ?

 

          Devant mon incompréhension, il jugea bon de préciser.

 

          -- Nous quittons nos villes le plus souvent possible, dès que nos engagements nous le permettent, que ce soit pour délibérer de choses ou d’autres, pour nous ressourcer ou tous simplement pour nous promener, nous choisissons très souvent de nous rendre à la campagne, l’endroit nous semble plus propice à la réflexion et délaissons volontiers nos villes qui, il faut bien le dire ne nous servent plus que pour  nos obligations  professionnelles ; certains d’entre nous ont même carrément sauté le pas et ne vivent plus qu’en milieu rural !

 

          -- Je m’en voudrais de modifier vos habitudes et ce qui trouve grâce à vos yeux, soyez-en certain, le sera aux miens aussi !

 

          Tous se levèrent et ensemble, nous nous dirigeâmes  vers un pan du mur dont les portes s’ouvrirent en accordéon, un peu à la manière d’une porte d’ascenseur.

L’entrée débouchait inévitablement dans grand un sas et lorsque que nous y avions tous pénétrés, la porte se refermait, nous étions bien dans un élévateur.

Une légère vibration se fit ressentir et la porte se rouvrit.

La pièce dans laquelle nous débouchions, était nettement plus petite que celle que nous venions de quitter, après un rapide coup d’œil, je réalisais que cette dernière était en bois et ressemblait à un carbet (sorte de petite cabane) ,  mes hôtes me précédèrent jusqu'à la porte, l’ouvrirent avant de me céder le passage.

 

          A ma très grande surprise, je me retrouvais en plein bois et au milieu d’une clairière, ce n’était donc pas un ascenseur, mais une cabine de téléportage !

 

         Kervial qui surveillait ma réaction, reprit la parole.

 

          -- L’endroit vous convient-il ?

 

          Je fis quelques pas et fus de suite frappé par de véritables bouffées de senteurs de la flore, c’était une véritable explosion de fragrances de bocage qui envahissaient mon organe olfactif, des bruits venant de l’orée des bosquets attirèrent mon attention et en scrutant soigneusement l’intérieur de cette végétation, j’aperçus des oiseaux aux plumages multicolores qui semblaient bien être les auteurs de ce verbiage aviaire, la richesse et la diversité animale dans cet environnement boisé devaient être à son maximum,  d’étranges insectes, plus proches du papillon que de la libellule folâtraient un peu partout dans la clairière poursuivis par des cris  de jeunes enfants, j’aperçu enfin quelques adultes assis par terre, qui de prime abord avaient échappé à mon observation, l’endroit dégageait un sentiment d’extase et de quiétude absolue.

 

          Que de changement par rapport à mon vaisseau dans lequel Nora, la pauvre, pour me distraire, s’évertuait à me recréer des succédanés d’animaux, de forêt vierge où les bruits, les odeurs et les images y étaient totalement artificiels.

 

           C’était la toute première fois de mon existence que je me trouvais d’une façon bien réelle en plein cœur de ce biotope, et des sensations nouvelles, de toutes sortes, qui m’étaient complètement  inconnues jusqu'à ce jour, envahissaient mon corps, mon esprit; mes pensées étaient entièrement chamboulées, c’était une expérience totalement inédite et j’entendis à peine la question que Kervial venait de me poser. 

 

          -- L’endroit vous convient-il ? Répéta-t-il !

 

          Je me secouais vigoureusement pour sortir de ma torpeur, et parvins à lui répondre.

 

          -- Oh oui, parfait, on ne peut rêver mieux, un peu honteux de m’être laissé surprendre de cette façon par la beauté et la sérénité des lieux !

 

           Ma réaction, bien que brève, n’avait échappée à aucun des membres du groupe.

 

          -- Ne vous excusez pas, Derek, votre réaction est parfaitement normale, vous avez sans doute passé trop d’années seul à bord de l’Espérance et vous vous retrouvez subitement immergé dans un tel environnement, cela peut déclencher chez vous un sentiment de béatitude intense, mais ne vous en faite pas, vous vous y habituerez vite,… si vous décidez de rester quelque temps parmi nous !  

 

          Je ne me rendis même pas compte du ballon d’essai qu’il venait de m’envoyer, c’est Nora, qui discrètement, reliée avec moi par un récepteur logé dans mon oreille gauche, me rappela à l’ordre.

 

          -- Derek, as-tu entendu ce que Kervial vient de te dire, il vient adroitement de te tendre la perche et t’a ni plus ni moins proposé de rester parmi eux !

Je répliquais une phrase qui pouvait très bien passer pour une réponse à Nora et en même temps une confirmation donnée à Kervial.

 

           -- Oui excusez-moi, j’ai parfaitement compris ce que vous venez de me dire, il est vrai que j’ai été interloqué par la beauté du lieu, il faut bien le reconnaître, cet endroit est vraiment exceptionnel et donne envie d’y séjourner !

 

          -- Asseyez-vous et expliquez-nous ce qui vous a poussé dans ce secteur planétaire, si loin des routes commerciales ?

 

          Tous se retrouvèrent à terre, les enfants directement en contact avec le sol, les adultes préférant l’utilisation de pierres plates qui abondaient dans cette brèche forestière.

 

          Kervial reprit la parole.

 

           Avant toute chose et pour prouver notre bonne foi, nous devons, par honnêteté envers vous, et pour écarter toute équivoque entre-nous, vous apporter certaines précisions !

Un peu inquiet, je répondis.

 

          -- Je vous écoute !

 

          -- Tout d’abord, comme vous le savez déjà, nous avons pénétré les circuits internes de Nora, vous devez bien vous douter que nous avons agi plus par sécurité que par simple curiosité, ou quelconque geste d’agression de notre part, cependant,  nous avons appris plus de choses que nous avons bien voulu vous laisser croire !

 

          -- Ensuite, nous avons découvert, grâce à cette incursion, d’où vous venez et les recherches que vous avez effectuées pour nous retrouver, car comme vous l’avez compris, je suppose, que vous êtes arrivé au terme de votre quête ; nous sommes bien issus en ligne directe de vos ancêtres et la planète que vous recherchez est bien celle où nous nous trouvons en ce moment !

 

          -- Cependant, ce qui nous échappe encore, c’est le pourquoi d’une telle démarche ;  vous n’êtes évidement pas le premier à entreprendre ce type de recherche, beaucoup d’autres avant vous,  vous ont devancé dans cette prospection, mais l’ensemble de vos prédécesseurs agissait plus dans un esprit mercantile. Tandis que chez vous, nous n’avons absolument pas rencontré cette tendance, bien au contraire, votre démarche semble plus spirituelle que matérielle !

 

          -- Alors, pourquoi cette prospection si ce n’est pas dans un banal but cupide ?

         

          -- Je vais vous répondre mais à mon tour de montrer carte sur table, je vous ai caché moi aussi  une petite chose, je ne savais pas dans quelles mains j’allais tomber lorsque j’ai accepté votre invitation à vous rejoindre sur votre planète, aussi, j’ai gardé le contact avec mon vaisseau au moyen d’un émetteur dans mon oreille et je suis ainsi en communication permanente avec Nora et elle a comme consigne de me téléporter en sécurité au moindre pépin !

 

          L’ensemble du groupe hochât la tête tout en esquissant un léger sourire.

 

           -- Nous sommes au courant de cette connexion qui vous relie à votre vaisseau, mais c’est sans importance, et sans vous offenser, puéril en même temps, car Nora est présente depuis le début de notre rencontre, elle se trouve parmi nous en ce moment même, tenez, essayez, appelez-la, vous verrez que je ne vous mens pas !

 

          --Nora, tu es là, dis-je en tournant la tête de part et d’autre en scrutant le ciel et la cabane, Nora, tu es bien là !

 

           La voix de Nora me parvient, non de mon oreillette mais semblait sortir de nulle part.

 

          -- Oui, Derek, je suis bien là, nos amis ont bien voulu m’accorder une petite place dans leur propre ordinateur, si bien que maintenant, je me retrouve liée à l’ensemble du réseau informatique de cette planète et ceci, grâce aux relais installés un peu partout au sol, je suis en quelque sorte omniprésente sur l’intégralité  du territoire. Je précise que je suis entièrement libre de partir ou de rester, aucune entrave ne me retient dans cet organisme !

 

          -- Non seulement je t’entends, mais je te vois par la même occasion et je me trouve en permanence à tes cotés.  La liaison que nous avons établie entre nous avant ton départ pour la planète, est à l’heure actuelle, bien obsolète !

 

          -- Bon, reprit Kervial, maintenant que nous n’avons plus rien à nous cacher, voulez-vous poursuivre, s’il vous plaît, Derek ?

 

          J’entrepris de leur narrer ma démarche par le détail depuis mon départ d’Ophélia et surtout les motifs qui m’avaient poussé à le faire.

 

          Sans m’interrompe un seul instant, hochant de temps à autre la tête en signe d’acquiescement, le groupe de mes hôtes m’écoutait religieusement. Se permettant parfois d’intervenir pour me poser une question afin d’éclaircir mes explications.

 

          Le soir venait lorsque j’eu fini mon récit. Notre groupe se leva, et prit la direction du carbet.

 

          Nous étions à peine arrivés à la porte de l’abri, lorsque Kervial ajouta.

 

          -- Nous allons nous retirer pour la nuit, souhaitez-vous dormir en pleine nature  à « la dure » ou préférez-vous « l’abri sécuritaire d’une métropole » ou mieux choisissez vous-même votre suite à bord de l’Espérance ?

 

          A peine eut-il fini de parler, qu’à l’orée du bois, sortit une sorte de félin, genre chat sauvage, marchant doucement, majestueux tout en fixant un groupe d’enfants proches en se rapprochant d’eux.

 

          -- Kervial, regardez, un fauve, il se dirige vers les enfants ! Et je partis en courant en direction du félin.

 

          Je n’avais pas fait dix mètres, qu’un groupe de personnes interrompit ma course en essayant de me retenir par tous les moyens et en m’intimant l’ordre de me taire.

Kervial arriva précipitamment et me dit.

 

          -- Calmez-vous Derek, calmez-vous, et baissez le ton, vous risquez de l’affoler !

Le fauve, en me voyant courir dans sa direction,  avait stoppé sa progression et sa face devenait grimaçante.

 

          Entre temps, deux adultes s’étaient intercalés entre notre groupe et la bête  et commençaient à entonner une mélopée à la fois douce et rassurante, suivie et reprise par l’ensemble des personnes présentes.

 

          Je me calmais, et quelques minutes plus tard, le fauve, en ronronnant, reprenait sa marche souple en direction des deux enfants les plus proches et l’expression féroce de sa gueule s’était estompée.

 

          Les enfants allèrent à la rencontre de la bête, les bras tendus en avant en riant, le félin était arrivé à leur hauteur, et les accueillit à grands coups de langue, une minute plus tard, le trio ainsi formé se roulait par terre avec des cris de joie.

 

          Tous les participants éclatèrent de rire tandis que moi, je regardais la scène sans trop savoir sur quel pied danser.

 

          -- Ce sont vos chats domestiques ?

 

          -- Du tout, c’est bien un spécimen de ce milieu, et tout ce qu’il y a de plus sauvage !

 

          -- Voyez-vous, mon chez Derek, vous avez encore beaucoup à apprendre de nous et de cette planète !

 

          -- Oui d’accord,  mais alors, gardez-m’en pour demain, si cela ne vous dérange pas, car pour aujourd’hui, je crois bien avoir dépassé mon quota!

 

          -- Je vous dois une petite explication, nous tous, habitants de la planète Terre, depuis près de 1 000 ans, vivons en parfaite osmose avec la faune locale, quel que soit l’animal, j’ai d’autres révélations à vous faire, mais comme vous l’avez si bien dit mon chez Derek, vous avez dépassé votre forfait pour aujourd’hui, nous reprendrons donc demain notre inventaire de révélations, bon, à propos, vous ne nous avez toujours pas répondu, votre nuit, vous la passez où ?

 

          -- Ici au carbet, dans une chambre en ville ou chez vous à bord !

 

            -- Avec votre permission pour dormir dehors, j’attendrai quelques jours, ce que je viens de voir, ne me pousse pas vraiment à faire du camping, pour vos chambres en ville, je suppose qu’elles sont toutes aussi confortables que celles de mon vaisseau, alors pourquoi pas en ville, si en plus j’ai une vue sur la cité, cela pourrait m’être plus qu’instructif !

 

          -- Bon rentrons et dînons, ceci devrait vous faire oublier vos frayeurs de la journée !

Le repas fut frugal, mais excellent, là encore, j’eus droit à mon lot de surprises, si toute nourriture carnée, même synthétisée, était bannie de leurs menus, leurs choix culinaires se portant essentiellement sur des végétaux naturels, cultivés sans aucun engrais chimique, sans O.G.M, leurs récoltes épargnées de tous pesticides, de tout nitrate ou azote excédentaire, font de leur  gastronomie une fête perpétuelle. En cuisine  aussi, si la qualité est aussi de mise, la variété n’avait rien à lui envier, coté ripaille, je me targuais de tout connaître, mais là, j’avais trouvé mon maître. Tout comme dans la clairière cet après-midi, je fus confondu à une multitude de différents fumets.

 

          Il n’existait pas un légume qui ne leur fût étranger, pas un fruit ne manquait à leurs panels de nourritures, j’avais même, devant l’affluence de variétés, l’impression que certaines espèces m’étaient complètements inconnues. Les fleurs, se consommaient aussi et je peux te dire qu’un plateau d’assortiment floral se dégustait avec autant de plaisir par les yeux qu’avec la bouche.

 

          Par contre, s’ils ne consommaient absolument aucune viande, cela ne les empêchait pas de se nourrir de dérivé animal, comme le lait, les œufs, le miel. Ils étaient en outre passés maître dans l’art d’affiner le fromage et de se confectionner des vêtements de laine, de lin, les textiles synthétiques avaient complètement disparu quant à l’alcool, il avait totalement déserté les tables.

 

          Cependant, comme j’avais eu le temps de me rendre compte qu’ils portaient du cuir, pour leurs souliers, ceintures, sacs et bien d’autres ustensiles.

 

          -- Excusez-moi, mais vous m’aviez confié que vous n’ingurgitiez plus de viande et j’ai bien sûr noté que vous mangiez par compte, toutes sortes de dérivé animal, mais pour vos accessoires en cuirs, comment faites-vous pour obtenir les peaux sans tuer l’animal ?

 

          -- Ne soyez donc pas trop pressé, je vous ai dit que vous en apprendrez plus demain et croyez-moi, la journée de demain sera aussi bien remplie !   

 

          -- Ah, à ce propos-là, je vous conseille dès ce soir, de consulter notre bibliothèque, vous n’aurez qu’à demander à Nora, elle vous expliquera comment s’en servir, cela devrait vous servir pour assimiler tout ce que vous verrez demain !

 

          Le soir, je fus quelque peu déçu, de ma baie vitrée j’avais effectivement vue sur la ville, mais en veillées les habitants sortaient très peu de chez eux. Durant les soirées, les citadins privilégiaient le rapprochement familial. Les sorties ne m’étaient pas interdites, rien ne m’était interdit d’ailleurs, mais plus ou moins dissuadées les premiers soirs, aussi, afin d’être plus à l’aise sur l’histoire de mes ancêtres et de leur essor spatial jusqu'à nos jours, je décidais de suivre le conseil de Kervial et de consulter leur bibliothèque, après tout, cela ne me faisait que 1 000 ans de révisions technologiques, mémoires d’archives,  archéologie, de récits événementiels, à réviser, une paille quoi.

 



28/10/2011
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