Chapitre IV
Je connaissais bien son père (son oncle devrais-je plutôt dire), il avait vécu avant d’être marié à quelques rues (voies) de chez moi, son père z’orelle comme moi était un ami de mon défunt père, qui à son arrivée aux Antilles, était métallier et avait construit un petit atelier à deux pas dans une voie annexe à la voie 123 et avait épousé une Martiniquaise de la bourgeoisie Foyalaise.
Ce père m’avait bien souvent servit de père après la mort du mien. A cette époque, les enfants bien que s’amusant à même la rue étaient surveillés par l’ensemble de la communauté des adultes environnante et si l’un d’entres eux me filait « une raclée » car j’avais commis une bêtise, mal m’en prenait d’aller me plaindre à ma mère, car à ce moment là j’en prenais une deuxième. Et croyez-moi, nous étions très bien élevés de cette manière et personne ne pensait à s’en plaindre. Pas comme maintenant ou il y aurait déjà une plainte de déposée. Enfin c’était une autre époque.
Si Le père de Raoul, le grand-père de Marianne me considérait comme son propre fils, Raoul, lui ne me considérait pas du tout comme son frère. On ne s’était jamais vraiment battu entre nous, nous n’étions pas vraiment de la même génération, quinze ans nous séparaient. Mais la mère de Raoul, la grand-mère de Marianne, sortait de l’oligarchie de FDF et de plus, les mulâtres, formaient à eux seuls une caste à part, ils se voyaient au-dessus des noirs et des blancs.
Il faut dire qu’à l’époque, la majorité des métros (métropolitains) en Martinique était des fonctionnaires (enseignement, santé, employées de bureau de l’administration ou de grandes boites métropolitaines, ou anciens militaires), et il faut bien le dire avait peu de contact avec la population locale mise à part l’aristocratie Foyalaise et ne parlait même pas le créole. Tout ce petit monde snobait allègrement la gente populaire et de ce fait n’était pas très bien vu du bas peuple.
Moi-même, les premières années, j’en ai bavé sec pour me faire ma place, de plus mon père était mort six ans après notre arrivée, j’avais 9 ans, croyez-moi en classe ça n’a pas toujours été facile et c’est là que j’ai du faire ma place à force de coups de poing. Par la suite, lorsque je parlais créole couramment, car du temps de mon père, je n’avais pas le droit de parler créole à la maison pour deux raisons, la première c’est que lui-même,(ainsi que ma mère) le parlait très peu et très mal, et deuxièmement, il disait que j’avais assez de l’école pour parler patois (chose qu’il ignorait ou feignait d’oublier c’est qu’en classe, il était strictement interdit de parler créole, seul le français était autorisé). Par la suite, lorsque j’ai su parler le créole comme ma langue maternelle, les brimades à mon égard cessèrent, car il ne suffit pas de parler le créole couramment pour se faire bien accepter, si l’on garde son accent, on sera toujours un étranger, surtout chez les enfants, les adultes, eux apprécient que vous fassiez un effort au point d’apprendre leur langue, mais chez les enfants, ils ne vous font pas de cadeaux.
Donc, pour en revenir à mon histoire, je me rendis chez le grand-père de Marianne, je le trouvais dans son atelier car à plus de 65 ans il travaillait encore et s’occupait d’une trentaine de personnes. Il m’accueillit les bras ouverts, j’avais gardé de très bonnes relations avec lui, je connaissais son atelier comme ma poche pour y avoir plusieurs fois travaillé (au black bien sûr) pour me faire de l’argent de poche.
Je lui confiais mes angoisses (je savais qu’avec lui, je n’avais rien à cacher) il ne suivait pas son fils dans sa décision concernant Marianne il lui avait déjà dit, mais n’intervenait jamais dans la manière qu’il élevait sa fille qui soit dit en passant n’était pas si mauvaise que ça, hormis le fait qu’il s’était mis en tête de lui trouver « un bon parti », il n’était pas mauvais père loin de là.
Petite parenthèse, il n’était hélas pas rare à cette époque de voir un père, un oncle ou un beau-père abuser de sa propre fille et être protégé. Et de ce côté-là, Raoul s’étant montré à la hauteur de sa tâche, il fut un excellent père pour Marianne. Bien sûr ses grands-parents l’auraient adoptée, mais la différence d’âge aurait peut-être jouée en défaveur de l’équilibre de Marianne.
Albert, le grand-père de Marianne qui s’appelait Albert, me confirma à son tour que son fils n’y était pour rien dans l’absence de sa petite-fille. S’il y avait eu quoi que ce soit, il serait au courant, et hélas, trois fois hélas, je le croyais sur parole.
Comprenant qu’il se passait quelque chose de pas trop normale, le grand-père appela son fils en espérant qu’il soit encore chez lui. Raoul tomba des nues en entendant son père parler et nous décidâmes Albert et moi de nous rendre chez Raoul pour essayer d’y voir plus clair.
Inutile de vous dire que chez Raoul, le ton n’était pas à la bonne humeur et comprenant qu’il était arrivé quelque chose à Marianne depuis jeudi dernier, jour de son soi-disant départ, vous pouvez me croire si je vous dis que si Albert n’avait pas été présent et n’était pas intervenu à plusieurs reprises, ma folie meurtrière aurait bien pu commencer ici même.
Je laissais le soin à Raoul de s’occuper de prévenir les flics, et j’entamais ma propre enquête de mon côté, connaissant pertinemment la réponse des flics étant donné que Marianne était majeure, ils ne bougeraient pas leurs culs. Vu que Raoul est une personnalité en Martinique, ils allaient quand même se bouger les premières 48 heures, mais s’ils ne trouvaient pas, ils allaient vite arrêter leur enquête.
J’attendis le soir et je me retrouvais chez Sergio, non pas en espérant y trouver mon amie, mais connaissant Sergio, s’il y avait un truc à savoir, il le saurait. Sergio m’écouta sans m’interrompre une seconde mais hélas, il vivait plus la nuit que le jour et n’avait aucun renseignement à me fournir, il n’avait entendu aucun bruit concernant Marianne.
Il n’y avait pas encore grand monde et nous étions en période de fin de mois et la clientèle s’en trouvait éclaircie par la même occasion. Il me confia son bar (ce n’était pas la première fois, mais ce fut la dernière d’ailleurs), il me promit qu’il allait chercher de quoi me renseigner ;
Vers minuit, il revint me rejoindre avec un début de piste.
Il revenait de voir Paulo son voisin, et d’après Paulo, un collègue à lui serait venu à Fdf pour y trouver de nouvelles recrues pour Marseille et était venu voir son homonyme l’autre Paulo celui des 3 couleurs pour lui racheter des filles. Et d’après Paulo son voisin, ce mec aurait été vu à la Redonde (un bar de jour à l’angle de la Savane et de la préfecture) en compagnie de Marianne il y a environ une semaine, un matin vers 10 h.
Le renseignement était maigre mais c’était quand même une piste. Et connaissant la mentalité sulfureuse de ce milieu, cela prenait une tournure qui ne me plaisait guère, mais que pouvait bien foutre Marianne avec un proxénète. J’en avais les cheveux qui se dressaient sur la tête. Et depuis ce jour, pas une seule de mes nuits, jusqu'à ce jour, ne connu le repos.
Mais comment savoir le nom de ce type, et principalement le choper à Marseille, une seule solution Paulo des 3 couleurs, si je ne connaissais pas très bien le voisin de Serge, c’est une autre paire de manches en ce qui concerne celui des 3 couleurs. J’ai un certain passé avec ce Paulo là et soit dit en passant, si on n’était pas à la vie à la mort ensemble, mais bien que l’on ne se voyait plus depuis quelques années, il existait une très certaine amitié entre-nous.
A ce propos, j’en profite pour vous éclairer un peu plus sur la personnalité de ce Paulo-là. Un soir de noël 63, je n’étais pas encore avec Marianne et je revenais depuis 1 ans d’Algérie et j’avais prévu une virée avec Paulo (on sortait souvent ensemble à mon retour de mon service militaire et j’ignorais complètement ses activités, je pensais naïvement qu’il gagnait sa vie avec les seuls revenus de son bar), donc il y avait Paulo, Marco un martiniquais (grande famille martiniquaise de Fdf) et moi, nous étions chez moi, ou plutôt chez ma mère, aux Religieuses, où nous avions une maison principale et deux autres petites maisons en bois plus loin dans le terrain appartenant à ma mère. Les maisons faisaient approximativement une centaine de mètres carrés chacune, dix mètres par dix environ. Bien que construites en bois elles avaient tout le confort qu’on pouvait espérer à l’époque, (un frigo, (a l’ammoniaque s’il te plait), pas de télé à l’époque mais de quoi faire de la musique c’est tout ce que l’on avait besoin en ces temps-la). Je vivais dans une de cette habitation laissant la grande demeure à ma mère. Et je logeais à l’occasion des amis dans l’autre.
Ah au fait, ce n’était pas parce que nous possédions un terrain assez grand et trois maisons dessus que nous étions riches, ceci était monnaie courante aux Antilles, mais nous étions comme beaucoup, des occupants sans titre comme on disait. Nous étions installé sur les anciens terrains Lacoste, notre terrain faisait parti d’un grand terrain partant d’en bas des religieuses et remontant jusqu'à la Redoute (et peut-être même plus) ce terrain appartenait à un ancien métropolitain Mr Lacoste qui travaillait pour l’administration et s’était acheté (ou accaparé allez savoir) un immense terrain, ceci se passait au début du siècle dernier. Ce Mr Lacoste, est rentré en métropole et depuis n’a plus donné de nouvelles. Si bien que selon la loi, au bout de vingt sept ans (je crois) ces terres reviennent à nouveau à la collectivité.
Chacun s’est servi prenant un bout de terrain et sur une ancienne terre vierge, des centaines de familles ont pu s’installer dont la mienne, grâce entre autre à l’intervention de la grand-mère de Marianne qui avait le bras long à l’époque (je vous ai déjà dit que mon père et Albert, le grand-père de mon amie étaient très liés.
Donc comme je vous disais, j’habitais une petite maison en bois aux Religieuses et Marco et Paulo (non, ne riez pas, ce n’est évidement pas leurs vrais prénoms, mais j’ai trouvé cela plaisant et j’ai décidé de leurs attribuer ces deux sobriquets). J’en profite au passage pour vous dire que tous les noms, prénoms des personnes vivantes ou décédées dont je fais référence dans cet écrit, sont complètement faux. Je ne pourrais donc être tenu pour responsable, si par le fait bien improbable, un ou plusieurs des établissements ont eu à leur tête des personnes avec un ou des prénoms précités à une période postérieure aux faits cités Par contre, seul le nom et prénom du condamné à mort sont réels (ce fut le dernier en France, heureusement pour moi), et tout ce que j’ai écrit sur lui, vous le retrouverez dans la presse du moment ou sur internet, la provenance du terrain que j’occupais avec ma mère ainsi que les noms des endroits, établissements, magasins et tout ce que je dis soit sur les Antilles, soit sur d’autres endroits dont je fais allusion, sont eux parfaitement réels.
Je reprends le cours de mon récit, nous étions Marco et moi en train d’attendre Paulo qui finissait de se préparer dans l’autre maison et nous devions sortir le soir comme nous le faisions très souvent depuis quelques temps. Mais ce soir là était spécial puisque c’était la veille de noël et nous étions sapés (habillés pour les profanes) comme des milords, lorsque l’on a entendu un grand bruit dans l’allée que menait à l’autre cabanon, nous nous précipitâmes et nous avons vu notre Paulo étendu à terre dans la boue (il pleut pas mal en Martinique vers la noël), et notre Paulo donc étendu de tout son long. Avec un costume blanc, ça faisait plutôt tâche, sans jeu de mot.
Et notre Paulo, sans rien perdre de sa superbe, demanda.
-Marco, apportes-moi un grand verre de whisky à ras bord et sec stp !
Sans dire un mot, Marco s’en alla chez moi et revint avec un grand verre de bourbon. Je me suis quand même permis de lui demander ce qu’il faisait à terre. Il ignora complètement ma question et finit son verre et nous déclara.
-Je viens de boire mon dernier verre d’homme valide ! (Oui je dois vous dire que malgré sa légère claudication, souvenir de l’armée, il se considérait comme physiquement intact). Aussi surprenant que cela puisse paraitre, nous n’avions, ni Marco, ni moi remarqué dans l’ombre, l’angle qu’avait prit sa jambe droite ainsi que sa hanche. En nous rapprochant de plus près nous vîmes les dégâts ; vraiment pas beau à voir et notre Paulo calmement nous demanda de l’aider à se redresser et de l’emmener à l’hôpital. Et tout ça sans lever le ton c’était vraiment un phénomène ce Paulo. Mais ce n’est exactement que ce côté-là de sa personnalité que je voulais faire ressortir.
Marco avait passé six mois dans le plâtre, à la suite de cet accident et un jour ou nous étions passés le voir, Marco et moi, (nous passions presque chaque jour car la maison ou il résidait était à flan de ravine au milieu des bananiers route de Balata, et le chemin d’accès était très escarpé, et ne pouvant pas marcher, il fallait lui apporter à manger). Ce jour là, il nous annonça tout de go.
-Aller, on s’arrache, donnez-moi un coup de main, aujourd’hui nous avons une visite à faire !
Il était 11 heures du matin et il ne voulut pas nous informer de notre destination, mais très vite nous nous sommes retrouvés sur le plateau de Redoute, au fort militaire.
Là, à l’entrée, il s’adressa au planton et lui déclara tout de go.
-Salut, soldat, fais savoir au colonel Baudouin que le colonel Massoud est là, à la porte et qu’il désire le voir !
Bien que sceptique, mais militaire avant tout, le planton, rentra dans sa guérite et appela la garde au moyen d’un téléphone à manivelle (authentique, a l’emplacement du cadran, il y avait une manivelle que l’on tourne à la main pour appeler) et retransmit au gradé de permanence la requête de mon ami.
Et miracle, 5 minutes plus tard, un véhicule militaire, une jeep pour tout dire, arriva à la hauteur de la porte et un sergent au volant fit ouvrir la grille et nous demanda de le suivre.
Le plateau militaire était grand, et nous roulions 5 bonnes minutes et le « serpate » (sergent), nous conduisit jusqu'au bâtiment du colonel. Nous aidâmes Paulo à descendre et à marcher jusqu’au bureau et un planton nous introduisit aussitôt.
Le colonel Baudouin avait comme tout bon militaire le crâne dégarni à souhait et semblait affairé à quelques taches importantes (à 11 heures du matin, à part l’apéro, je ne voyais pas ce qu’il pouvait bien faire à cette heure-ci).
A la vue de Paulo, il se précipita à son devant et lui serra la main. Paulo, lui rendit son bonjour et s’installa dans un fauteuil sans même y avoir été invité.
Marco et moi, en sommes resté scotchés (enfin baba, car cette expression n’était pas usitée à cette époque). Le colonel rappela le planton de l’entrée et lui demanda d’apporter un siège supplémentaire et nous pria de nous asseoir.
-Alors Paul, a quoi dois-je ta visite, cela doit bien fait 5 ans que tu n’as pas daigné venir nous voir, même pas au mess, ça se passe bien ces vacances.
-Non pas vraiment, j’ai des emmerdes, depuis janvier, je suis infirme à la suite d’une chute, et je suis définitivement hors service et je n’ai rien touché depuis janvier et on est en aout, inutile de te dire que ça commence à urger, il faut que tu fasses quelque chose pour moi !
-T’es marrant toi, tu disparais pendant 5 ans en claquant la porte et tu reviens te pointer tranquille en me demandant de m’occuper de toi, tu ne trouves pas qu’il y a comme un problème !
-Ecoutes-moi bien mon colonel, tu te débrouilles comme tu veux, mais tu me trouves une pension en catastrophe avant la fin de l’année, ce qui te laisse 5 mois pour te retourner, sinon, je serais dans l’obligation de passer à l’échelon supérieur, avec tous les désagréments que cela comporte, est-ce clair ?
-Non mais tu crois que c’est facile pour moi, comment expliquer ton silence à l’état major durant toutes ces années ! Tu as fais ta forte tête et maintenant tu risques de le payer !
-Ecoutes Jack, (le ton s’était radouci quelque peu), et Paulo poursuivit, tu connais aussi bien que moi les raisons qui m’ont poussées à agir de cette manière et si j’ai une bonne mémoire, tu étais plutôt favorable à ma décision. Je ne reviendrais jamais sur les motifs de mon désaccord avec l’état major, mais je suis dans la merde et j’ai vraiment besoin de cette pension, je compte sur toi, et rappelles-toi, sauf erreur, tu me dois ce service !
La conversation me semblait de plus en plus surréalisme et mes yeux ne quittaient pas la pointe de mes souliers, je n’osais même plus regarder le colonel, ni Paulo et pas même Marco. Je me demandais dans quelle galère j’avais mis les pieds et surtout pourquoi, Paulo avait voulu que nous assistions à cet entretien Marco et moi.
Le colonel restât silencieux quelques instants, et brusquement se leva et déclara.
-Bon ok, je fais le nécessaire, mais je ne peux te garantir ni le montant ni les délais, mais je m’occupe personnellement de ta demande et je la transmettrais moi-même à l’état major, mais tu sais que tu me fous dans la merde, tu le sais ça au moins ?
-Merci Jack, je savais que je pouvais compter sur toi et je te promets que tu n’entendras jamais plus parler de moi. Tu me tires vraiment une épine du pied.
Le colonel Baudouin empoigna son téléphone et sollicita la présence d’un adjudant, (je ne souviens plus du nom de ce dernier tellement j’étais encore sous le choc de l’entretien), lui enjoignant de venir avec de quoi écrire.
Moins d’une minute plus tard, l’adjudant frappa à la porte et entra.
-Vous m’avez fait demander mon colonel ?
-Oui veuillez prendre note, prévoyez une sortie d’espèces d’un montant de 5 000 francs mensuel jusqu'à la fin de l’année (n’oubliez pas qu’à l’époque nous étions en francs et cette somme correspondait à environ 3 000€, enfin l’équivalant en monnaie constante) ! Et se retournant vers nous rajouta.
- je ne peux pas faire plus pour l’instant, je pense que tu pourras te débrouiller avec ça, je verrai si il y a possibilité de réviser ce montant !
Baudouin libéra son subordonné et nous prîmes congé de lui et ressortîmes de son bureau. Marco conduisait et dans la voiture qui nous ramenait en ville, une fois seul avec Paulo, avant même que je n’ai pu ouvrir la bouche pour solliciter de sa part des explications, Paulo nous apostropha.
-A la limite, j’aurais pu me passer de vous pour ce RDV, à quoi bon, un jour ou l’autre vous l’auriez su alors un peu plus tôt ou un peu plus tard !
-Je fais parti de l’armée avec le grade de colonel et c’est tout ce que vous devez savoir, ma démobilisation sera effective, je pense à la fin de l’année. Mais pas un mot à quiconque, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais et ceci jusqu'à ma mort. J’ai suffisamment confiance en vous pour vous faire confiance.
Je ne lui posais aucune autre question, bien qu’à l’époque je ne connaissais pas grand-chose sur l’armée, je me demande comment peut-on être à la fois colonel à tout juste 40 ans et de plus, vivre civilement 24 heures sur 24. Il y avait vraiment quelque chose qui clochait, mais quoi ? C’est un peu ces interrogations (sans réponse) qui me poussèrent à m’éloigner de lui.
J’ai arrêté de le fréquenter petit à petit, quand Sergio que je connaissais de mieux en mieux, m’informa de ces autres activités souterraines cependant, j’ai respecté la parole que je lui avais donnée. J’ai appris par la suite en sortant de prison qu’il était décédé dans les années 80 que par le fait, j’étais libéré de mon serment. Il était semble t-il mort d’une cirrhose du foie en Martinique (ça, ça lui pendait au nez avec tout ce qu’il buvait, et cette phrase à été la seule oraison funèbre que j’ai pu trouver à dire ce jour là).
Lorsque Sergio m’apprit toutes ces révélations sur lui, je me posais encore plus de questions sur sa véritable identité et j’ai par la suite appris qu’il avait bien touché sa pension militaire ???????????
Proxénète et militaire, voila une chose peu commune.
Je crois, même si j’ai fini en prison, que je ne regrette pas de m’être éloigné de lui, car la seule solution qui me vient à l’esprit, avec le recul, c’est qu’il devait faire parti du SAC (le service d’action civil) la police militaire fondée par De Gaulle en 1960. Je me suis beaucoup documenté à ma sotie de cellule sur ce fameux SAC et tout ce qui touchait de près ou de loin à leurs activités et j’en suis arrivé à la conclusion que ce milieu était pire que celui de la mafia, même que des membres de cette société appartenaient à ce fameux SAC et qu’il y en avait encore de vivants de nos jours.
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