karfa93

Demain, tous télépathes

Il y a quelques mois, je suis tombé sur un article qui relatait le début de cette découverte, mais à l’époque ce n’était que les prémisses de cette science, qui n’aurait intéressée que les plus « férus » d’entre vous, car il ne s’agissait en réalité que de la première lecture cérébrale (enregistrée), d’images.             Des chercheurs avaient en effet réussi d’une part la transmission d’image présente dans le cerveau d’un rat à un autre cerveau de rat. La prouesse était quand même de taille.

          Dans le même temps, en septembre à l'université de Berkeley (Californie) d’autres scientifiques avaient réussi à capter des images dans le cerveau d’un homme, des images de personnes dont seul le cerveau avait, jusqu'ici, le secret. Les participants regardent un film, et les signaux cérébraux correspondant aux images qu'ils voient sont convertis en modèles informatiques permettant de les redessiner, certes un peu floues, mais reconnaissables.

          Nous étions loin du dialogue que nous prédit la science fiction, mais c’était déjà une vraie tentative de communication de cerveau à cerveau, (il n’y avait qu’un échange unilatéral, pas encore de complémentarité).

           Mais la voie était potentiellement ouverte à une technologie permettant de déceler ce qui se trame dans notre tête, jusqu'aux rêves ou aux souvenirs.

           C’était un peu pour toutes ces raisons que je n’ai pas voulu vous sortir de votre léthargie, (On ne réveille pas un ours qui hiberne, ceci pourrait être dangereux pour vous comme pour lui), sachant pertinemment que j’allais vous secouer dans les mois à venir.

Mais cette fois, c’est différent, ils ont beaucoup progressé, une autre équipe de la même université de Berkeley va beaucoup plus loin, de la transmission d’images à la transmission de mots.

          Les scientifiques ont placé des électrodes à la surface du lobe temporal supérieur de 15 patients – lobe chargé de l'audition mais aussi de certaines étapes du processus de la parole, telle que la conversion de sons en "phonèmes" signifiants.

          Ils ont ainsi enregistré leur activité neuronale au moment où ils écoutaient des mots et phrases préenregistrées. Puis deviné, et même reconstruit ces mots directement à partir de cette activité cérébrale, en des sons plutôt compréhensibles.

           Ce procédé est nommé la "reconstruction de stimulus».

          Avec un appareillage miniaturisé (nanotechnolonisé), n’ayons pas peur du néologiste, il pourrait être très précieux pour communiquer dans quelques années avec des personnes atteintes d’aphasie (du grec a privation) et (phasie parole), ou autiste.

          Ce résultat incroyable a été publié le 31/01/2012 dans la revue Plos Biologis.

          « Dans cette démarche, les chercheurs se sont appuyés sur un phénomène déjà connu des neurologues : le fait que, lorsque le cortex auditif perçoit un son, il décompose les différentes fréquences qui constituent ce son, en réagissant neuronalement pour chacune d'entre elles de façon bien spécifique. Comme si, au fond, chaque mot possédait une signature neuronale en propre. L'objectif des chercheurs était donc de concevoir un outil informatique capable de "remonter dans le passé". C'est-à-dire, pour chaque mot perçu par le cerveau, de retrouver les fréquences acoustiques constituant ce mot en partant des différents signaux électriques émis par le cortex auditif à l'écoute de ce mot. Pour ensuite, une fois l'ensemble des fréquences acoustiques identifiées, prononcer le mot via une voix de synthèse.

          En comparant, pour chaque mot, les fréquences acoustiques reconstruites par le programme informatique avec les fréquences acoustiques initiales, puis en modifiant en retour les paramètres du programme afin que les fréquences acoustiques reconstruites soient les plus proches possible de celles initiales, les chercheurs ont peu à peu réussi à mettre au point le fameux programme ».

          Deux versions du programme informatique

« Pour tester la validité de ce programme informatique, les chercheurs ont alors procédé à la démarche inverse : ils sont partis des signaux électriques émis par le cortex auditif de leurs participants pour en déduire les mots qu'ils avaient entendu, en recourant à leur programme informatique.            Résultat ? Le logiciel a effectivement su produire des sons qui ressemblaient aux mots initialement entendus (écouter ci-dessous).           Avec toutefois un résultat faiblement probant lorsque le rythme de parole était rapide.  Un constat qui a incité les chercheurs à mettre en place un deuxième programme informatique,  reposant  sur une méthode dite non-linéaire. Lequel s'est révélé capable de reconstruire les mots entendus beaucoup plus efficacement qu'avec la première méthode, même en situation de débit verbal rapide.

          Notons que c'est à l'Université de Californie de Berkeley, là donc où ont été menés ces travaux, qu'une autre étude du même type, récemment très médiatisée, a également eu lieu : les neurologues Shinji Nishimoto et Jack Gallant ont en effet réussi à reconstruire les images "vues" par le cerveau via analyse des signaux électriques émis par ce dernier. Un résultat publié le 22 septembre 2011 dans la revue Current Biology.

          Ecouter les mots reconstruits par le programme informatique (la première version du mot est le mot initial, la deuxième est le mot reproduit avec la première version du programme, et la troisième version du mot est la reconstruction effectuée par la méthode dite non-linéaire »):

           Psychologiquement vôtre : karfa93