Explosion de la droite hier à 23/04/2012 à 20h04
Explosion de la droite 23/04/2012 à 20h04
2017, Copé fait entrer le FN au gouvernement ?
Des cadres du FN parient sur une défaite de Sarkozy et un éclatement de l’UMP, qui ferait place à une recomposition des droites, voire une coalition gouvernementale.
Lundi 22 avril, Marine Le Pen salle Equinoxe, à Paris (Louis Lepron/Rue89) |
Florian Philippot, lundi 22 avril (Louis Lepron/Rue89) |
Ce 22 avril, salle Equinoxe à Paris, le décor est céleste. La flamme bleu-blanc-rouge, légendaire, a disparu. Il y a des fausses étoiles sur les côtés, petits points lumineux cousus dans les rideaux noirs. Champagne et petits fours, au menu. Jean-Marie Le Pen porte un costume sombre et une cravate, il s’est assis docilement à une table et n’a rien dit de choquant, pour une fois.
Les militants portent, eux, des badges clignotants au nom de Marine Le Pen, comme des enfants dans un parc d’attraction. Le parti se lisse, il ne se ressemble plus. D’ailleurs, il va peut-être changer de nom : les cadres y réfléchissent et nous l’ont confirmé ce lundi.
L’idée du FN, depuis toujours, c’est de prendre de l’ampleur et de devenir le centre d’une méga-galaxie des droites nationales. Marine Le Pen, en grande prêtresse fréquentable et ministrable.
La naissance d’une nouvelle droite ?
L’expansion du terrain de jeu FN a commencé avec la création d’un parti souverainiste allié, le Siel (« Souveraineté, Indépendance, Libertés »), pour asseoir la légitimité de la candidate FN, en janvier.
Paul-Marie Coûteaux, son fondateur, est aussi l’homme qui a présenté l’ancien chevènementiste Florian Philippot à Marine Le Pen. A 30 ans, il est le directeur de la campagne du FN et l’un des conseillers les plus influents de Marine Le Pen (leurs bureaux communiquent).
Pour les législatives de juin prochain, nouvelle étape : le FN a décidé de présenter ses candidats sous la bannière « Rassemblement bleu marine ». On y trouvera, disent les cadres, des chevènementistes, des souverainistes de droite, des « pasquaiens » et des « indépendants » comme Gilbert Collard.
Peut-être aussi des ex-UMP, si Nicolas Sarkozy fait un score exécrable le 6 mai, au second tour de la présidentielle. La défaite du président sortant servirait les intérêts des militants et des cadres du FN. Pas forcément ceux de tous électeurs dont la plupart restent résolument hostiles à la gauche.
A quelques jours du premier tour, des sympathisants FN nous disaient qu’ils iraient voter François Hollande au second tour pour éliminer le candidat et faire imploser son parti. Louis Aliot, le numéro deux du parti et compagnon de Marine Le Pen, a déjà annoncé au micro de France Info qu’il allait s’abstenir de faire un choix. La patronne du FN devrait, quant à elle, évoquer le sujet le 1er mai.
En attendant, ce lundi, au journal de 20h de France 2, Marine Le Pen a attaqué le bilan du président sortant, tout en disant qu’elle n’avait « rien à vendre ».
Le 22 au soir, sur les plateaux de télévision, l’avocat Gilbert Collard, président de son comité de soutien, se réjouissait : « C’est une nouvelle droite qui vient de naître ». Joint par Rue89, le directeur de campagne Florian Philippot, qui va probablement voter blanc, essaye encore d’élargir le spectre :
« L’idée n’est pas de recruter à l’UMP. Je ne crois pas au clivage gauche et droite. Je pense qu’il y a ceux qui croient à la France et ceux qui n’y croient pas. Il y a des Français patriotes de droite ou de gauche. »
Au FN, la question des alliances divise
Mais le défi, c’est la convergence des valeurs de tout ce petit monde.
Au sein de l’entourage de Marine Le Pen, les différentes sensibilités ont déjà beaucoup de mal à s’entendre. Le parti est divisé, l’ambiance au QG est lourde.
Les anciens mégrétistes et les souverainistes sont pour la multiplication des alliances. Les lepénistes, comme Louis Aliot, ne le souhaitent pas. Au Zénith, un cadre proche du Siel de Coûteaux confirme :
« Ce n’est un secret pour personne que Louis Aliot n’a pas apprécié que le FN s’allie aux souverainistes. Je ne crois pas non plus qu’il s’entende bien avec Florian Philippot. Il fait la campagne à Perpignan, ce qui est une autre forme de campagne. Disons qu’il est marginalisé. »
Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du Front national et proche de Louis Aliot, confirme des tensions et les minimise autant qu’elle peut :
« Je n’ai pas pleuré comme cela a été écrit dans la presse. Est-ce que j’ai une tête à pleurer ? Mais c’est vrai, qu’à la fin, il y avait des chicaneries et tout le monde était sur les nerfs. C’est naturel, dans une période aussi intense. »
On voit mal comment les députés « décomplexés » de la Droite populaire pourraient trouver leur place dans ce désordre.
Mais sur le blog Préférence nationale, le spécialiste de l’extrême droite Nicolas Lebourg répond :
« Il n’y a plus rien qui différencie la Droite populaire et le Front national [...]. Dans les années 90, Alain Juppé avait déclaré au sujet de cette alliance : “Entre eux et nous, il y aura toujours une croix de Lorraine”, en faisant bien évidemment référence à la résistance et au gaullisme. Aujourd’hui, la frange droitière de l’UMP ne se sent plus imprégnée de cette culture politique et historique. »
Les législatives de juin et des petits accords ?
Thierry Mariani, ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, membre fondateur de la Droite populaire, s’insurge. Ce qui les différencie du FN, ce sont des « propositions réalisables », dit-il. Il trouve, par exemple, que la politique économique que propose Marine Le Pen est dangereuse.
Il tient à démentir tout ralliement :
« Marine Le Pen n’a aucun contact avec nous, contrairement à ce qu’elle laisse croire. Même Christian Vanneste n’ira pas au FN, je vous le garantis. Nous n’avons pas envie de la rejoindre, il n’en est pas question, nous sommes bien à l’UMP. Même si nous pensons que nous méritons d’avoir plus de place au sein du parti. »
Thierry Mariani, qui lui, a obtenu un poste de ministre, reste (pour le moment) très fidèle à son candidat :
« On va tout faire pour faire gagner Sarko. Le FN ne défend rien, seulement le fond de commerce de sa petite entreprise, comme dirait Bashung.
D’ailleurs, elle est loin de Sarkozy. Marine Le Pen a fait 18% et non pas 20%, comme on le pensait en début de soirée. C’est le score de 2002, si on additionne les voix de Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret. »
Selon Regardscitoyens.org, le Front national pourrait participer à des triangulaires au second tour des législatives dans plus de 60% des cas. Soit 345 circonscriptions.
Aujourd’hui, la Droite populaire compte une quarantaine de députés. Sans franchir le pas (quitter l’UMP), il est très probable que de nombreux accords soient passés localement entre l’UMP et le « Rassemblement bleu marine ».
Guaino rejette une alliance avec le FN
Et si cela arrivait ? Imaginons que trente députés UMP s’en aillent. Entre temps, le Front national change de nom, pour devenir « Préférence nationale » (PN). Imaginons que Jean-François Copé, le candidat de l’UMP, ne puisse pas être élu sans leur soutien en 2017. Imaginons qu’il fasse alors avec eux un accord pré-électoral.
En échange, quelques cadres Préférence Nationale entreraient au gouvernement. En Autriche, par exemple, c’est en 2000 que le parti de Jörg Haider est arrivé au pouvoir en Autriche, dans une coalition gouvernementale. Son parti, le FPÖ, obtient six ministères. Pas celui de l’Intérieur.
Louis Aliot pourrait alors prétendre à un poste de secrétaire d’Etat aux Anciens combattants (la guerre d’Algérie l’obsède). Et pour Christian Vanneste, le ministère de la Culture peut-être.
Ce lundi matin, sur RMC, Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy a répété qu’un accord avec le FN était inenvisageable. Ironique :
« Marine Le Pen est chef de ce qu’elle veut dans sa tête. »
Le président de la République sortant s’apprête à faire campagne à l’extrême droite. Il a déjà commencé, le soir du premier tour, avec un discours sur les thèmes de l’immigration et des frontières. Henri Guaino n’y survivra peut-être pas.
Sources : Rue 89
karfa93
A découvrir aussi
- Juste pour mémoire
- La guerre contre l'Iran est pour demain
- Des associations de droits de l’homme appellent à sanctionner Sarkozy.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 13 autres membres