Homme, mon frère, ne vois tu rien venir
Homme mon frère,
Ne vois-tu rien venir
Comment pouvons-nous envisager l’avenir immédiat de l’humanité et de son environnement ?
Il nous faut sans doute imaginer un monde aussi différent que celui du XVIIIe siècle l’était du nôtre... A cette échelle l’Histoire est fantastiquement ouverte. Des crises écologiques ponctueront cette évolution, et des conditions de la sortie de chacune d’elle dépendra du degré de maturité que l’homme aura acquis vers la fin du XXI éme siècle.
On peut cependant s’imaginer quelles crises surgiront. Une première crise globale semble se dessiner, disons pour la première moitié du XXIe siècle. À cette époque, l’explosion démographique sera en voie d’achèvement, à un niveau de 10 milliards d’habitants. Cette "transition démographique" sera globalement maîtrisée par le progrès de la contraception. En Asie, la démographie semble maîtrisée. Si elle ne l’est pas, et là où elle ne le sera pas (en Afrique, en Inde ?), elle sera imposée par des catastrophes alimentaires et épidémiques, semblables à la crise écologique européenne associée à la Grande Peste du XIVe siècle. Mais l’humanité n’en sera pas quitte pour autant. Au contraire, la stabilisation de la population dans le Tiers Monde permettra une généralisation de son industrialisation, selon l’exemple asiatique. Cette accélération s’ajoutera à l’actuelle surconsommation du Nord et décuplera les crises écologiques globales déjà en germe aujourd’hui :
Déchirure de la couche d’ozone, érosion de la biodiversité (avec les krachs agricoles que cela peut entraîner), et surtout la dérive des climats et de la montée des eaux par accroissement de l’effet de serre.
C’est cette crise-ci (celle de l’effet de serre) qui cristallisera sans doute toutes les autres : crise des agricultures du Sud, inondation des deltas asiatiques, multiplication des tempêtes au Nord et surtout manque d’eau dans les pays du Nord. Dès le milieu du XXI éme siècle, la disparition progressive de notre bouclier magnétique multipliera par 2 ou par 3 la mortalité due au cancer dans les pays du Nord, et par 8 ou 10 dans les pays du Sud (Asie du Sud Est, Afrique et Amérique du Sud) ; Complétées par le décès dans ces derniers pays cités, de centaines de millions de personnes, dû à leur séropositivité Car ne nous voilons pas la face, si dans les pays du Nord, nous aurons toujours lesmoyens financiers d’avoir accès à des produits bien meilleurs (en préparation) que la trithérapie actuelle, les laboratoires propriétaires de ces derniers n’en feront toujours pas cadeau aux pays du Sud, alors que depuis longtemps les bénéfices réalisés ont largement couverts leurs investissements, ainsi que la recherche de nouvelles molécules. (A ce propos, un laboratoire d’Asie avait réussi leur fabrication pour un coût de 3 ou 4 euros, le cartel pharmaceutique propriétaire du brevet a pesé de toute son influence sur le gouvernement de ce pays, le menaçant de cesser les aides gouvernementales si ce laboratoire ne stoppait pas son activité.) Conclusion, ils ont cessé. Bilan quelques dizaines de millions de morts prématurés.
La faim, la santé, l’eau, l’environnement, les énergies et la technologie seront les mobiles des futurs conflits de la moitié de ce nouveau siècle.
Comment en sortirons-nous ? Tel est l’enjeu de la Guerre de l’Environnement qui occupera la première moitié du XXIe siècle, et dont les premières batailles furent livrées à Rio et à Kyoto. Ou bien prévaudra une solution "coopérative «par alliance des plus riches et les plus "propres" (Europe du Nord, Japon) et des plus pauvres (souscontinent indien), contre les Etats-Unis, l’Australie et les Nouveaux Pays Industrialisés, les champions actuels (et à venir) de la pollution.
Un ordre climatique se stabiliserait alors sous une forme sans doute "autoritaire ? Les pays du Sud s’y résigneront si le Nord le souhaite.
Mais il n’est pas sûr du tout que le Sud s’y résigne, (et c’est le plus probable !) la crise ne pourra être évitée à cause du blocage de "l’alliance des irresponsables", des États-Unis à la Malaisie et sans doute la Chine. Alors le monde ressemblera à l’Europe de la "fluctuation biséculaire" qui avait suivi la Grande Peste : de larges îlots de prospérité, assez riches pour s’adapter au changement climatique, dans un océan de chaos écologique au sens total du mot, ravagé par les guerres civiles.
Dans les deux cas, la situation sera instable et conduira vers la "deuxième crise du XXIe siècle". Nous ne pouvons même pas imaginer la nature des crises écologiques globales qui se superposeront aux crises déjà connues : des épidémies virales touchant les corps et un environnement sur-artificialisé ? Des effets de seuils inattendus sur les crises déjà repérées : fonte des glaces, pandémies agricoles, exposition totale aux rayons UV solaires ?
Si vers 2050 en effet prévaut la solution coopérative-autoritaire, elle sera minée par la volonté des groupes économiques nationalistes qui se sentiront bridés par un excès de réglementation globale. Une crise assez semblable à la crise actuelle (mais où l’enjeu sera autant l’environnement que le social) finira par éclater : nouvelle bifurcation entre une hyper-éco-sociale-démocratie globale (hélas pas la plus probable) ou une rechute vers le scénario conflictuel. La guerre de l’eau qui éclatera un peu partout sur la planète vers 2020, atteindra son apogée vers 2030, 2040, mais risquera fort de se poursuivre après, si un organisme mondial ne se met pas en place dans la première moitié du siècle.
Le déséquilibre alimentaire et la disproportion de la répartition de l’eau entre les pays du Nord et du Sud entraîneront une montée spectaculaire du nationalisme. Des conflits de plus en plus nombreux éclateront à travers la planète.
L’épuisement des ressources pétrolières, loin d’handicaper les pays du Nord (une autre source d’énergie sera trouvée) pénalisera encore plus les pays qui en vivaient par leur production.
Les pays en voie d’émergence commencent à entrevoir le scénario, et cherche par tous les moyens à s’unir avec ces 3 grands groupes organisés qui constitueront des îlots de stabilité (l’Amérique du Nord, l’Europe et « l’Asie en formation »). Les laisser pour compte l’Inde, les pays d’Asie du Sud Est, l’Afrique et enfin l’Amérique du Sud, c’est de ces pays que partiront les futurs commandos de terroristes.
Si dès 2050 cette hyper-éco-sociale-démocratie ne se fait pas, alors le "péril barbare" venu du Sud sera la grande question vers 2100, avec une nouvelle bifurcation : Soit la submersion des îlots de stabilité (c’est le scénario du nouveau Moyen-âge prisé par les films de sciencefiction), soit un armistice qui nous rapprocherait du scénario coopératif de 2050... mais dans un contexte beaucoup plus dégradé. Le XXIe siècle risque donc d’être encore pire que le XXe siècle, actuel record au palmarès des horreurs. Mais même au fond du trou, l’espoir luit comme la lueur d’une bougie à 100 mètres. Encore faut-il qu’à chaque étape les humains sachent le saisir !
Il est temps que l’homme comprenne que la planète est un bien commun, comme tel, ses richesses appartiennent à tous et ne sont pas réservées à une poignée d’individus. Il est temps, si nous voulons éviter le pire, de répartir ses richesses équitablement entre tous et d’apprendre tous ensembles à les gérer pour le bien de tous. Mais, prévoir le pire, c’est souvent prévenir du pire ?
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