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Le grand saut

          La Voie Lactée est la seconde plus grande nébuleuse dernière Andromède dans notre groupe local, suivie de celle du triangle en troisième position, elle est située à 2,65 millions d’années lumière d’Andromède et possède deux petites galaxies satellites, le grand et le petit nuage de Magellan karfa

         La Voie Lactée, bien que plus petite et moins dense qu’Andromède, pourrait passer pour sa sœur jumelle, si ce n’est qu’étant beaucoup moins dense, elle est donc beaucoup moins lumineuse. Tout comme elle, son centre est occupé par un immense trou noir, (il est à noter, que toutes les galaxies semblent posséder leur  propre trou noir, comme si leur équilibre en dépendait), et il faut bien l’avouer, depuis 10 000 ans nous ne pouvons toujours pas l’expliquer.

          Quoiqu’il en soit, ces secteurs galactiques nous étant interdits, (mis à part quelques exclus des neurones qui ont voulu braver cet interdit, et qui ne sont jamais revenus nous commenter ce qu’ils ont découvert), nous nous gardions bien d’y mettre les pieds.

          Tout en consultant l’atlas E.U.C (Encyclopédie Universaliste Cosmologique), je demandais à Nora de nous emmener en poste près du centre.

          -- Dis-moi Nora, on adopte la même technique de recherche ?

          -- C’est la plus logique, pourquoi, tu veux changer ?

          -- Non, du tout, on commence toujours par le secteur le moins peuplé ?

           -- Oui, mais contrairement à Andromède, la Voie Lactée est moins dense, et sa colonisation semble antérieure, l’atlas E.U.C y est moins précis, aussi,  les renseignements nous font  parfois défauts.  La population des étoiles étant moins dense, les secteurs se retrouvent beaucoup plus espacés et il n’est pas impossible qu’un de ses secteurs au fil des siècles se soit retrouvé  complètement isolé. Loin d’être un avantage,  le fait que cette nébuleuse soit moins touffue, serait plutôt un handicap, d’immenses contrées paraissent désertiques qui ne le sont en réalité peut-être pas.  Aussi nous opérons légèrement différemment que les fois précédentes, nous ferons un point fixe supplémentaire en position médiane sur le disque galactique. Ceci aura comme inconvénient de rallonger les temps de recherche mais ce procédé est incontournable pour un bon résultat !

          -- Ca nous rallonge de beaucoup ?

           -- Une seconde, je demande à Béa !

           Et c’est l’astrophysicienne qui répondit.

           -- Ca, impossible à préciser, tout dépendra du nombre de réponses positives du bio détecteur, 24 heures, 48 heures, une semaine ou un mois, allez savoir !

           -- On ne peut pas gagner un peu en passant en temps négatif ?

Le temps négatif pour les néophytes, c’est de voyager en hyper vitesse en vitesse sub-lumière, et au contraire le temps positif est toutes les périodes passées à vitesse en dessous du seuil aluminique.

          Nora avait reprit la parole.

           -- Hélas non, l’atlas est trop peu renseigné et l’on à 92%  que le scanne passe à coté du but, mais tu peux aller dormir si tu le désires !

          Je ne répondis pas l’esprit ailleurs, perdu dans mes pensées.

          Nora répliqua.

          -- Je viens de terminer l’examen des risques de collusions planétaires, de supernovae ou de simples croisements spatiaux capables d’entraîner des dérèglements planétaires majeurs de cette galaxie, sur les derniers 10 000 ans, le taux de planètes touchées par de tels phénomènes se monte à 0,0042 pour 1 million, ce qui nous permettra d’exclure de notre recherche un certain nombre de systèmes planétaires !

          Je regardais l’écran mural et tout en le scrutant, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que c’était peut-être quelque part là-dedans que se cachait l’objet de notre quête.

          Il ne restait plus qu’à aller dormir, non sans penser qu’il était quand même rageant de se dire que je ne servais strictement à rien dans ces moments-là.

          Nora me réveilla un mois plus tard.

          -- Derek, réveille-toi, j’ai peut-être trouvé quelque chose d’intéressant !

          Tout en passant au massage, Nora me fit son rapport.

         -- Tu t’es mis en cryo il y a un mois maintenant et j’ai eu le temps de tout sonder. J’ai effectué un scanne minutieux de la nébuleuse et pour gagner un peu de temps, j’ai envoyé des sondes dans chaque bras galactique, il y en a sept,  au plan médian des bras !

          -- Bien m'en a pris, sinon, je passais à coté d’une découverte que je n’avais pas détectée en restant au centre !

          -- Je suis allée ensuite vérifier sur place chaque réponse positive du bio mètre, mise à part une planète habitée par des lycoses géantes, un autre monde occupé par une civilisation agraire de l’âge du bronze, une de l’ère atomique non humaine,  je viens de détecter une planète plutôt étrange qui…

           -- Oh, oh, doucement, freine un peu ton char, des lycoses, géantes ou pas, c’est quoi ?

          -- Pardon, des arachnides !

          -- Tu ne peux pas dire des araignées comme tout le monde, désolé mais je n’ai que cinq milliards de neurones qui bossent contre des centaines de milliards de milliards chez toi, y a pas de comparaison possible !

          -- Excuse-moi, Derek, je savais tu étais grognon le matin au réveil, c’est de ma faute, je n’aurai pas dû te provoquer !

           -- Et plus tu te paies ma tête, bon conclues, mais essaies d’être plus terre à terre !

           Tout en terminant mon massage corporel, Nora continua ses explications.

           -- Actuellement, nous faisons route vers ce système planétaire, nous y serons d’ici 1 heure et demie !

           -- Et qu’a-t-elle de si particulier cette planète pour qu’elle ait retenu ton attention ?

          -- Il s’agit d’un globe entouré d’une atmosphère composée de 78 % d’azote, 20 % d’oxygène, 0,93 % d’argon et 9 % de dioxyde de carbone et ainsi que divers autres gaz en faible quantité ainsi que de la vapeur d’eau en suspension !

          -- L’activité photosynthétique due à des organismes chlorophylliens y semble très développée ce qui expliquerait ce taux élevé d’oxygène, les conditions de température et de pression permettent l’existence d’eau liquide en surface !

           -- A l’approche de la sonde, le compteur biométrique a fortement réagi, ce qui démontre une très forte densité psychique !

          -- Et alors, je ne vois pas ce qui t’a intrigué !

           -- A priori pas grand-chose sauf une simple anomalie, en moyenne, dans l’ensemble des mondes de la confédération, un tel taux de densité se rapporte normalement à des populations ayant dépassées l’ère atomique et pour certaines, l’ère spatial !

           -- Je ne comprends toujours pas !

            -- Ce n’est pas grand-chose, sauf juste un léger détail, cette planète n’émet pas d’ondes électromagnétiques ! 

           -- ???

           -- Ca, pour une trouvaille, c’est une trouvaille !

          Nora poursuivit.

          -- Je ne connais aucun précédent dans toute la confédération, ceci aurait à la limite pu être concevable si pour une raison quelconque, tous ces habitants vivaient sur le même continent, mais la sonde a réagi sur chaque continent !

          -- Une autre possibilité est envisageable, ce serait que cette planète soit peuplée d’une faune extrêmement nombreuse, dans ce cas ces animaux  devraient être de petites tailles car la réaction du biomètre semble indiquer une concentration de plusieurs milliards d’individus !

           -- Quoiqu’il en soit, nous faisons route vers ce système planétaire, nous y serons  d’ici une paire d’heures, ce qui te laisse le temps de te sustenter !

           -- Comment se fait-il que cette planète, qui semble d’après ce que tu dis, un vrai petit paradis, ait pu échapper jusqu'à l’heure à la convoitise des promoteurs ?

          -- Le système est perdu dans un sous bras de la galaxie, près du bord à environ 30 000 d’AM (année lumière) du centre, une année galactique dure en moyenne 250 000 millions d’années de la planète Sol III, celle qui nous intéresse et la course de ce système est perturbée, elle n’est pas plate, elle ondule sur le plan médiane de la galaxie et le traverse tout les 30 millions d’années et de surcroît, ce système est isolé dans son secteur et cerise sur le gâteau, aucune de ses planètes n’émet d’ondes électromagnétiques, je suppose que toutes ces raisons ont fait qu’il soit passé inaperçu !

           -- Ah, autre chose, le temps local dans ce système planétaire ne s’écoule pas à la même vitesse que sur le reste de la nébuleuse, d’un rapport de 3,75 fois moins vite, aussi ici, nous ne sommes pas en l’an de grâce 11 251, comme dans la galaxie d’Andromède, mais en l’an 3 000 de cet galaxie !

           -- Et cela change quoi !

           -- Cela signifie, que si tes ancêtres sont bien partis d’une quelconque planète de ce système, vue que sur Ophélia, nous savons que ton peuple est entré dans l’ère spatial il y a un peu plus de 10 000 ans de notre temps s’ils sont vraiment partis d’ici, il ne s’est écoulé que 1 000 ans pour tes aïeuls !

           -- Moi-même, j’ai bien failli le rater, car en ce moment, il se trouve en dehors actuellement à 48 AL EN DESSOUS de son bras galactique !

           -- Oui, je pense que tu as raison, il mérite une petite visite !

La séance de remise en forme était maintenant terminée et je me dirigeais sans hâte vers le mess du navire.

            -- Salut Bob, Alors ça va ce matin ?

            -- Ca va, ça va, tu veux peut-être te restaurer ? Il avait reprit sa voix normale de cuisinier.

           Cette fois, pour le petit-déjeuner,  Bob s’était inspiré d’une cuisine traditionnelle insulaire d’Ophélia, banane verte cuite, de la morue (synthétisée) et un légume appelé concombre, le tout très épicé. Le matin, ce type de petit-déj a le grand mérite de vous mettre en forme pour la journée, à condition toutefois de ne pas en abuser. Si tu n’as pas un travail manuel assez pénible qui te fait transpirer et que tu abuses de ce type de petit-déj, tu retournes aussi sec te coucher.

           Le tout terminé par un grand verre de jus de fruits, un bol de zac et la journée peut commencer.

           -- Nous approchons du système en question ! dit Nora

           -- Nous ferons tout d’abord halte avant de pénétrer à l’intérieur du système planétaire pour en définir la composition exacte !

           J’avais l’œil rivé sur le panneau mural, Nora reconstituait le système solaire, astre après astre, satellite après satellite, comète après comète en y configurant leurs mouvements.

           Nous étions arrêtés en bordure du système et Nora explorait le cortège planétaire qui s’offrait à nous. 

           -- Ce système n’est pas répertorié dans l’E.U.C, l’Encyclopédie Universaliste Cosmologique, il  comporte 8 planètes autour desquelles gravitent 171 satellites au total, six planètes naines et trois ceintures d’astéroïdes, deux sur l’extérieur du système, la plus éloignée à environ 150 000 000 de kilomètres du centre, ensuite la seconde à 75 000 millions de kilomètres et enfin la dernière et la plus proche de l’étoile sépare les planètes telluriques et gazeuses à environ 500 millions de kilomètres du centre. Le nombre de ces astéroïdes est de l’ordre de plusieurs millions répartis sur les 3 ceintures. Plusieurs  astéroïdes ou comètes (une bonne centaine au total), ont des orbites extrêmement excentrées  et croisent l’orbite de toutes les planètes du système, ce qui pourrait entraîner de nombreuses collisions.

           -- L’étoile centrale est vieille de 4,6 milliards d’années, le cortège planétaire est plus jeune environ 4, 55 milliards d’années.

           -- La planète qui nous intéresse se trouve en troisième position sur le plan de l’elliptique. Sa distance moyenne à l’étoile est de 149,6 millions de kilomètres, la température maximum est de 58 ° C, minimum -89° C. En son centre, elle présente une forte activité magmatique qui lui confère, en surface une température moyenne de 0 à 24° C,   le climat est réparti en 7 zones géographiques ; aux 2 pôles, la température y est sensiblement la même au nord comme au sud, ensuite en s’éloignant des pôles, 2 secteurs tempérés, plus près encore de l’équateur 2  autres bandes tropicales et pour finir une zone équatoriale.

           -- Enfin, la constitution et la densité de l'atmosphère sont telles que la lumière incidente du Soleil et la lumière réfléchie par les continents et les mers sont diffractées ; donnant sa couleur au ciel, et par réflexion, aux étendues d'eau. Le reflet bleuté vu de l’espace est dû essentiellement à cette atmosphère.

           Un zoom sur la planète en question nous laisse apercevoir un astre magnifiquement azuré, autour duquel gravite une lune beaucoup plus petite.

          -- La proximité du satellite naturel de l’astre, influe sur le climat de ce globe au point qu’il pourrait être responsable du développement de la vie sur cette terre.

            -- Profites-en pour mettre ta doc à jour ! Dis-je à Béa.

          -- C’est déjà fait, Monsieur, j’enregistre au fur et à mesure que les informations m’arrivent !

          -- Mais, attends avant de retransmettre ces infos à E.U.C, je n’aimerais pas voir débarquer une armada de vaisseaux !

           C’est Nora qui reprit la parole.

          -- Tu n’es pas sans savoir que chaque découverte doit être retransmise au Centre de documentation !

           -- Je suis au courant de la charte, n’oublies pas que je l’ai aussi signée, mais cette obligation ne nous impose pas de délais pour le faire, nous avons donc tout notre temps !

           -- Comme tu veux Derek, c’est toi le commandant !

          -- Et ce monde est donc muet malgré des milliards d’individus qui le peuplent !

           -- Ne t’emballe pas trop vite, il existe une possibilité que ces milliards d’individus  ne soient en réalité, que les représentants de la faune locale ! Et le satellite lui, ne semble pas occupé.

           -- J’ai récupéré toutes les informations que je pouvais glaner de ce poste d’observation, dit Béa nous n’avons plus rien à faire ici, je vous suggère de nous  rapprocher à vitesse sub-lumière de cette planète et nous allons stationner en orbite à mi-distance de son satellite !

Quelques minutes plus tard, après avoir activé le mode furtif de l’appareil, nous nous positionnons en orbite polaire.

          -- Il y a quand même quelque chose qui cloche ! dit Nora.

           -- Quoi !

          -- Et bien, comme je te l’ai déjà dit, cette population devrait, si cette planète est bien celle que l’on recherche, être au début de son ère spatial et nous ne voyons aucun navire décoller de ce monde !

          -- Elle n’est peut-être peuplée que par  des animaux.

           -- Possible, mais d’un autre côté, la réaction du biomètre laisse supposer qu’ils sont plusieurs milliards et ce taux de population confirmerait, si ce sont des êtres humains, qu’ils en sont à leur ère atomique voire spatiale, cela ne te semble pas étrange à toi !

Béa répliqua.

           -- Mais nous pourrions vite le confirmer, nous pourrions effectuer une exploration systématique de cette planète en accomplissant des orbites polaires en nous décalant à chaque tour effectué de 15 °, cela nous permettra de quadriller l’ensemble de la planète !

          --  Excellente idée Béa, n’oublie pas les enregistrements !

           -- Toutes mes sondes sont ouvertes, je n’en perdrais pas une miette. 

          Nous survolions les continents depuis une heure, et tous nos détecteurs  restaient muets, contrairement à ce qu’ils avaient transmis quelques heures auparavant.

           -- C’est à y perdre son Intergalact, nos capteurs biométriques ne transmettent plus rien, plus aucun signe de vie, comment cela peut-il se faire, rétorqua Béa !

           -- Tu es sure qu’ils ne sont pas en panne ?

          -- Depuis 10 minutes j’ai commencé une analyse complète de tous les circuits de sondage avec l’historique depuis que nous sommes arrivés aux abords de ce système, et je dois dire que je suis perplexe, je ne trouve rien, aucun défaut !

Je dois dire que c’est bien la première fois que je vois un automate perplexe.