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Les Vortex du destin

Les Vortex du destin       

 

   -- Tu sais à quoi je pense ? Demanda Derek à Deborah.

        

          -- Non, ne triches pas, essaies de deviner !

 

          Deborah fit mine de se concentrer et répliqua.

 

          -- Facile, voyons, il y a maintenant six mois que nous sommes rentrés, un mois que tu ne m’accompagnes plus dans mes recherches à Tianhuanaco, part contre, je te vois de plus en plus souvent tourner en rond, j’en conclue donc que tu commences à t’embêter et je te soupçonne de vouloir repartir, je me trompe, non ?

 

          -- Tu brûles, mais tu peux faire mieux, non !

 

          -- Alors … au début de notre rencontre, j’aurais dit que d’une part, tu cherches à repartir en voyage à bord de l’Espérance accompagné de ta chère Nora, mais comme aujourd’hui, tu n’as plus besoin de vaisseau pour te déplacer, je pense que ça ne doit pas être ça. D’autre part, les alarmes que nous avons placées aux quatre coins de l’univers étant toujours muettes et que nous n’avons pas prévu de tournée d’inspection avant six mois… je dirais que tu penses … à aller voir de visu nos amis et ancêtres Naacans ou  aux Electrans, peut-être même les deux, par la même occasion!

 

          -- J’ai vu juste … non !

 

          -- Ah, Deborah chérie, si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer, je me demande comment j’ai pu faire pour vivre tant d’années de mon existence sans te connaître ?

 

          -- Je comprends, comme tu as dû souffrir !

 

-- N’en rajoute pas trop quand même, tes chevilles vont enfler !

 

-- Bon, alors qu’en dis-tu, on part quand ?

 

-- Mon cher Derek, j’attendais que tu me le demandes, ma valise est prête !

 

          Et Deborah disparue, déjà téléportée à Tianhuanaco.

 

          Derek était furieux, elle aurait pu l’attendre, il n’avait pas comme elle, récupéré ses pouvoirs psy sous son aspect physique.

 

          Il s’apprêtait à appeler Nora, lorsque Deborah réapparue.

 

          -- Excuses-moi chéri, j’avais oublié ! Dit-elle en lui empoignant le bras.

 

          Ils disparurent tous les deux et une seconde plus tard, ils se matérialisaient de nouveau à Tianhuanaco.

 

          -- Il faudra t’y faire, ça pourra t’être utile un jour ?

 

          -- Tu as tort de persister, je t’ai déjà prévenu, fais gaffe à tes chevilles, tu risques de ne plus pouvoir marcher un jour !

 

          Ils se déshabillèrent en silence, plièrent leurs vêtements, les déposèrent sur une tablette prévue à cet effet, tout près, des serviettes sèches les attendaient pour le retour, tout était prévu pour leur sortie en Astral, si bien qu’ils pouvaient partir à tout moment et revenir de la même façon sans être obligés de déranger à chaque fois leur entourage.

 

          Ils avaient négocié ce processus avec leurs proches, car a chaque fois qu’ils voulaient partir, tous voulaient les accompagner, maintenant, seul l’ordinateur enregistrait leur départ et était chargé de prévenir leurs familiers.

 

          Chacun dans leur cuve, ils s’allongèrent dans le liquide nutritif et se concentrèrent sur le cristal. Instantanément, le transfert eut lieu, leurs corps s’immergèrent progressivement au fond de la cuve et le silence retomba lourdement dans la crypte. 

 

          … On commence par où ? Demanda Derek.

 

          … Electre me paraît très bien pour commencer ! Déclara Deborah, voyons un peu ce que sont devenus nos visiteurs.

 

          Ils se concentrèrent et se retrouvèrent aussitôt « planant » dans le ciel d’Electre.

 

          A leur arrivée, une intense activité régnait dans la cité ; apparemment, ils étaient à la veille d’une inauguration, d’une fête ou d’un événement important, les gens, par petits groupes, parlaient beaucoup entre eux ; a priori, il s’agissait d’un projet scientifique qui semblait sur le point de se réaliser.

 

          Ils « écoutèrent » les conversations et apprirent qu’en réalité, les Electrans devaient, dans la journée procéder à la mise en route de leur grand projet qui consistait à effectuer une téléportation, en temps réel, à très longue distance, entre Electra et Sirius.

 

          Si cette expérience fonctionnait, c’est toute la théorie des transports longues distances qui était remise en cause, une expédition sur leur planète patrie prenait pas loin de 8 000 ans et là, si cela fonctionnait, le trajet sera instantané.

 

          Basé sur le principe de l’Hypercom, un homme allait, pour la première fois, passer par l’hyperespace réellement et non par le temps négatif, une révolution dans le déplacement de planète en planète, ils étaient sur le point de devenir les égaux des terriens.

 

          Deborah dit à Derek.

 

          … On arrive juste à temps pour l’inauguration, à croire qu’on avait reçu des cartons d’invitation !

 

          … Oui, c’est troublant, répliqua Derek, je me demande, si là-dedans, il n’y faut pas y voir la patte des Veilleurs, ça me paraît trop bien calculé ?

 

          … Tu dérailles, ils sont tous morts, comment veux-tu qu’ils s’y soient pris !

 

… N’empêche que c’est malgré tout bizarre, cette coïncidence, arriver le jour même de l’inauguration, à 440 AL de distance, ça me paraît un peu gros quand même !

 

          … Je trouve que tu leur prêtes un peu trop de pouvoir… post-mortel de surcroît !

Derek se taisait et « regardait » les habitants.

 

          Les Electrans étaient de grands et solides gaillards de près de 2, mètres cinquante à 3 mètres de haut qui vivaient à fond leur ère de conquête spatiale et n’étaient pas loin technologiquement  de  rejoindre la confédération et si leur expérience d’aujourd’hui s’avérait couronnée de succès, égaler les terriens.

 

          Ils parviennent à comprendre que tout l’appareillage se trouvait regroupé dans une salle immense en sous-sol d’un bâtiment le GRTIP que l’on pourrait traduire par Groupement de Recherche de Transport Interplanétaire et Planétaire.

 

          Cet instrument était en relation avec semble-t-il, un autre du même style se trouvant sur Sirius et les deux appareils étaient supposés communiquer simultanément, téléportant instantanément tout objet ou être humain à l’autre point d’accueil.

 

          Oh, bien sûr, ils connaissaient la téléportation en local, sur des petites distances, leur permettant entre autres choses de décharger leurs cargaisons où se rendre à terre lorsqu’ils se trouvaient à bord de leurs navires, mais tout cela ne dépassait pas le cadre planétaire, ne demandant pas l’appui de cette dernière technologie mise au point.

 

          Si leur invention était bonne, ils auraient la possibilité de voyager d’une planète à l’autre dans tout l’Univers sans décalage temporel, une révolution que seuls les terriens, avec l’aide des Veilleurs étaient parvenus à faire.

 

          Certes, le principe est différent, puisqu’ils n’utilisaient pas de vaisseau, mais à la place une chambre de téléportation, la technique restant la même, car, ils passeraient bien par l’hyperespace pour réaliser leur déplacement, avec cependant une petite nuance, il existait dans ce procédé deux points fixes, deux vortex ouverts,  le départ et l’arrivée, alors que dans la méthode terrienne, la « porte », le vortex qui était ouvert pour l’entrée en Hyperespace, restait ouvert pendant le déplacement en temps négatif et l’ouverture du vortex de sortie et ce n’est qu’à ce moment-là, que la fermeture du vortex de départ se refermait.

 

          Dans l’astuce mise au point par les Electrans, l’ouverture du vortex de départ, ordonnée par le sas de partance, une microcommande est envoyée au sas d’arrivée pour en commander l’ouverture et les deux vortex restaient ouverts lors du transfert. Sitôt le transbordement effectué, le sas de départ enregistrait la chambre de départ comme étant vide, procédait à la fermeture du vortex et réémettait une autre macro-commande en direction de l’arrivée pour en activer la fermeture du vortex de réintégration de l’espace-temps Einsteinien après reconstitution des particules subatomiques des corps téléportés.

 

          Cette technologie comportait cependant un risque, que les terriens n’avaient pas voulu prendre, le danger de création de trou noir, et cela en pleine zone planétaire, que par sécurité, les terriens avaient exclu de leur déplacement.

 

          A contrario, si cela fonctionnait, le temps gagné était considérable pour des téléportations en petit nombre quinze, vingt personnes tout au plus ;  le procédé pouvait être amélioré pour accepter une centaine de personnes, un millier même peut-être, mais ne pouvait guère dépasser ce chiffre, ce qui en cas d’évacuation planétaire, s’avère un peu juste, alors que la méthode terrienne permettait une évacuation en masse de la population, jusqu'à 150 000 personnes à la fois par vaisseau, y’a pas photo.

 

          … Je vais aller voir à l’autre bout sur Sirius, tu viens avec moi ? dit Derek.

 

          … Tu sais, ça doit être la même chose, non, je préfère rester ici, je vais essayer d’en apprendre plus !

 

          Et Derek s’éclipsa.

 

          Elle se téléporta dans la salle de téléportation où se trouvait massées plusieurs personnes penchées sur l’appareillage, deux ou trois avaient l’œil rivé sur la pendule, d’autres avaient une conversation très animée et plusieurs d’entre elles ne semblaient pas d’accord  sur un point précis de la procédure.

 

          Le point de désaccord se trouvait sur l’ouverture conjointe des vortex d’arrivée et de départ, pour les détracteurs de la simultanéité de cette opération, il faudrait pour plus de sécurité, refermer le vortex émetteur avant l’ouverture de celui du récepteur.

 

          Sur quoi, les défenseurs de la synchronisation des vortex rétorquaient, qu’en cas d’ouvertures différées des portes, les molécules subatomiques constituant les corps des objets ou personnes téléportés, couraient le cas échéant le risque de s’anéantir, de se dissoudre dans le temps négatif, provoquant ainsi le danger de la perte définitive des voyageurs.

 

          Deborah, songeait que bien que n’étant pas scientifique, elle trouvait que ce n’était pas le moment d’en discuter, ce genre de chose aurait dû être débattue avant, cependant, de mémoire de terrien, elle ne se souvenait pas qu’une chose pareille était possible.

 

          En tout état de cause, tous attendaient fébrilement l’heure de l’expérience, ils attendaient apparemment le feu vert de Sirius.

 

          Dans un premier temps, ce premier transfert ne devait s’opérer que sur du matériel et quelques cobayes animales, de la nourriture fraîche, congelée, lyophilisée, afin d’en apprécier la fraîcheur à l’arrivée ; des conserves étaient aussi prévues aux lots des victuailles. Des animaux, genres chats et chiens, même des poissons dans leurs milieux naturels figuraient à la liste des premières téléportations et bien sûr, une pendule fonctionnant en temps universel.

 

          Deborah supposait que les prochains voyages seraient composés d’êtres humains, les Electrans avaient beau être de vaillants conquistadors, qui n’avaient pas hésité 200 000 ans plus tôt à se lancer dans un voyage de 8 000 ans pour coloniser Electre, mais ils étaient cependant prudents en ce qui concernait leurs premières expériences sur un sujet quelconque, même en ayant la certitude de leur réussite.

 

          Il était tout juste onze heures du matin sur Electre et le test était prévu pour douze heures, encore une heure à poireauter avant de savoir à quoi s’en tenir.

Mentalement, elle appela Derek.

 

          … Alors, comment ça se  passe là-bas, qu’as-tu appris de nouveau, ici, ils doivent commencer à 12 heures et  de ton côté, ça se présente comment ? Dit-elle en lui envoyant une projection mentale des machines pour l’expérience et en lui relatant le différend concernant l’ouverture des vortex.

 

          … Bof, ici, les choses sont les mêmes apparemment que chez toi, même appareillage, même situation de stress et même désaccord sur la synchronisation des ouvertures temporelles !

 

          … Probablement que tes détracteurs du projet initial et les miens ont dû faire les mêmes écoles, quand on pense qu’ils se trouvent à 8 000 AL d’écart, ils n’ont dû se contacter uniquement sur Hypercom, mais ils ont l’air sûr d’eux !

 

… Et qui l’a emporté sur Electre, le front des « pour » ou celui des « anti » synchronisation ?

         

… Celui des « pour » semble pour l’instant être majoritaire, mais c’est un peu normal car le projet a été conçu de la sorte, et il n’y a aucune raison de le modifier maintenant, et chez toi !

 

          … Pareil, ici, l’alliance des « pour » fait la majorité, mais je t’avoue que je ne vois pas l’utilité d’un tel débat, dans un sens ou dans l’autre cela devrait fonctionner !

 

          … Bon, ne bouges pas, je te rejoins !

 

          Une seconde plus tard, Derek était « présent » près de Deborah.

 

… Je ne suis pas tranquille ! Déclara Derek, … il y a quelque chose qui me chagrine, je ne comprends pas, et quand je ne comprends pas, je deviens nerveux, pas toi ?

 

          Deborah ne répondit pas, mais l’inquiétude de son ami commençait à la gagner.

 

          … Bon, il nous reste en gros une heure avant le début de l’expérience, je vais en parler aux techniciens terriens pour leur en toucher deux mots, ils pourront peut-être confirmer ou infirmer mes incertitudes !

 

          Avant de partir, ils mémorisèrent à eux deux, le maximum des plans de cette machine, quand je dis maximum, je devrais plutôt dire la totalité, car ils avaient entraîné leurs fonctions mnémoniques et pour raisonner comme en informatique, à eux deux, ils pouvaient retenir plusieurs milliers de téraoctets.

 

          Moins de cinq minutes plus tard, ils se retrouvèrent sur Terre et convoquèrent toutes les sommités concernées dans ce domaine. 

 

          Ils transposèrent par télépathie une partie des plans relevés sur Electre, dans le cerveau des savants, une partie seulement, s’ils ne voulaient pas voir leurs amis devenir fous par l’afflux de données.

 

          Ils en tirèrent de suite des plans sur ordinateur et commencèrent l’étude du dispositif.

 

          Mais ils durent se rendre à l’évidence, ils firent des simulations informatiques et apparemment, ils ne trouvèrent aucun défaut à la bonne réalisation du projet sub-espace.

 

          Ils n’avaient pas repris leur forme physique pour gagner du temps, et étaient restés en Astral aussi, dès qu’ils eurent confirmation des résultats du traitement informatique, ils repartirent pour Electre.

 



08/11/2011
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