L'ours blanc, nouvelle manne du nord
L'ours blanc, nouvelle manne du nord
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Quatre mille six cents dollars, c'est une très jolie somme. Dans des villages où le taux de chômage avoisine les 20%, c'est même une petite fortune.
Et comme c'est maintenant le prix d'une peau d'ours polaire, une vraie petite ruée vers l'«or blanc» se produit dans le Nord-du-Québec, où le nombre d'animaux tués a été multiplié par 10, au bas mot, depuis deux ans.
Les chasseurs Inuits jurent que l'espèce est plus abondante que jamais; les biologistes, eux, n'en sont pas si sûrs...
D'après des données du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, les Inuits du Québec - les seuls qui aient le droit d'abattre des ours polaires - vendaient grosso modo entre 5 et 15 fourrures d'ours blanc par année au cours des années 2000, quand le prix moyen de vente, malgré d'importantes fluctuations, se situait autour de 1000$ chacune.
Mais cette valeur moyenne est passée à près de 1900$ en 2009-2010, puis à 4600$ l'an dernier, et le nombre de prises n'a pas manqué de suivre: 75 peaux vendues au Québec il y a deux ans, puis 114 l'an dernier. Et encore, cela ne compte pas tous les animaux abattus, comme on le verra plus loin...
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Coup de pouce bienvenu
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«Trop» d'ours polaires? Est-ce bien possible? En tout cas, certainement plus qu'avant, assure M. Oovaut : même si les biologistes prévoient que le réchauffement climatique devrait réduire les populations d'ours polaires, les chasseurs Inuits en voient plus que jamais, dit-il.
«Le problème est que personne n'étudie concrètement les effets du réchauffement sur les ours. Les biologistes se fient surtout à leurs théories, ils disent que le nombre d'ours doit diminuer parce que les glaces reculent, mais ils n'en savent rien ».
« Les anciens disent que, dans les années 50 et 60, ils ne voyaient à peu près jamais d'ours polaires. Seulement des traces, de temps à autre. Mais maintenant, vous pourriez presque en voir tous les jours en cherchant un peu.»
Résultats contestés
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Il y a 13 populations d'ours polaires dans le monde, explique-t-il, qui sont plus ou moins isolées les unes des autres, dont trois touchent le Québec.
«Si les chasseurs en voient plus, une première hypothèse est qu'il y en a effectivement plus ». Dans le cas de la population du détroit de Davis [qui englobe la baie d'Ungava, la côte du Labrador, le sud de l'île de Baffin et se rend jusqu'au Groenland, N.D.L.R.], il semble que cela pourrait être le cas, d'après divers indicateurs, dit M. Stirling.
Réchauffement climatique
«Mais cela peut également signifier que les ours vont mal. C'est une espèce qui a besoin de la banquise pour se nourrir. À cause du réchauffement, ils doivent maintenant revenir sur la terre ferme plus tôt en saison et se passer de nourriture pendant plus longtemps parce que la glace reprend plus tard en moyenne ».
« Or, un ours affamé ne se laissera pas mourir de faim sagement sous un arbre. Il va chercher d'autres sources de nourriture, et ça, cela peut très bien l'amener proche des villages.»
D'ailleurs, signale M. Stirling, dans la petite ville de Churchill, célèbre pour la présence de nombreux ours à proximité, des études ont clairement lié la date de formation des glaces au nombre d'animaux «à problème» qui entrent dans la ville.
Et c'est vraisemblablement ce qui se passe aussi du côté québécois de la baie d'Hudson, suggère le biologiste : les ours rôdent près des communautés Inuits parce que la banquise tarde et qu'ils ont faim.
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Un recensement controversé
Au début du mois, le Nunavut a publié les résultats d'une étude sur l'abondance des ours polaires qui n'a pas fini de faire jaser.
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Les chasseurs Inuits, ainsi que quelques climatosceptiques d'ailleurs, y ont vu la confirmation de ce qu'ils croyaient savoir, mais le diable se cache souvent dans les détails, avertit le spécialiste des ours polaires de l'Université de l'Alberta, Ian Stirling.
Et même si leur nombre total ne laisse entrevoir aucun déclin, le recensement du Nuvanut montre aussi un nombre très bas, pour ne pas dire alarmant, d'oursons - seulement de 20 à 50% de leur nombre d'il y a une trentaine d'années.
«On a 30 ans de données sur leur condition corporelle [poids, par exemple], et ce n'est pas une population qui se porte bien, assure-t-il. En fait, la population de l'OBH est probablement celle qui souffre le plus des changements climatiques.»
Source : www.lapresse.ca
karfa93
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