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Tout va très bien Madame la Marquise !

Tout va très bien Madame la Marquise !

 

 

   

 

          Le Ministère de la Santé rend plus facile la distribution d'eau polluée par des pesticides au-delà de la limite de qualité !

 

          « Une fois de plus, les autorités sanitaires françaises toutes confondues responsables de notre bien être, préfèrent trafiquer, pour des raisons bassement financières, par couardise ou bien encore par impuissance, les normes maximums d’intolérances à certains produits nocifs, que de prendre les mesures nécessaires et indispensables pour notre santé ».    

 

          Voir ou revoir mon article paru début décembre 2011 Les raisins de la colère.

 

          Les ressources en eau (cours d'eau et nappes souterraines) sont très polluées en France, principalement à cause des nitrates et des pesticides. Les pesticides les plus présents dans les eaux surveillées sont des herbicides, qu'ils soient de la famille des triazines (atrazine et ses métabolites), des urées substituées (diuron, isoproturon) ou autres comme le glyphosate et son dérivé l'AMPA.

 

          Contexte réglementaire sur la qualité de l'eau

 

          La Directive 98/83/CE est claire : au-delà de 0,10 μg/L (0,1 microgramme par litre) par substance pesticide individuelle ou de 0,50 μg/L (0,5 microgramme par litre) pour le total des pesticides quantifiés, la limite de qualité réglementaire est dépassée. MAIS, car il y a un mais, cela ne signifie pas, qu'au-delà de ces valeurs, l'eau contaminée ne peut plus être distribuée.

 

          Un avis du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France (CSHPF) daté du 7 juillet 1998 prévoyait, en interprétation de la Directive 98/83, que l'eau ne devait « pas être utilisée, ni pour la boisson, ni pour la préparation des aliments » si un pesticide s'y trouvait à une quantité supérieure à 20% d'une valeur appelée « valeurs sanitaires maximales », (V Max, définie par l'OMS), pendant plus d'un mois, ou si la teneur en pesticides dépassait ne serait-ce qu'un jour, cette V Max...toujours largement supérieure au 0,1 μg/L de la limité dite 'de qualité'.

 

          Cette situation pouvait déjà paraître anormale puisqu'elle entérinait une situation dans laquelle on tolérait la distribution d'eau contenant des quantités de pesticides bien supérieures à la limite de qualité, au motif qu'elle ne présenterait pas de risque sanitaire au regard de la V Max.

 

          Aujourd'hui, une instruction récente de la DG Santé augmente encore la tolérance !

 

          Cette situation a encore empiré depuis la publication en catimini d'une instruction de la direction Générale de la Santé le 9 décembre 2010, publiée au BO en février 2011.

 

          Cette instruction prévoit en effet que dorénavant, pour que des restrictions de distribution d'eau contenant des pesticides soient mises en place, c'est 100% de la V Max du pesticide concerné qui devra être atteinte, quelle que soit la durée de l'exposition.

 

          Motif de la direction Générale de la Santé : "Certaines études font état que les pesticides peuvent être à l'origine de cancers, d'effets neurotoxiques et d'effets sur la reproduction (baisse de la fertilité). Toutefois, aucune étude n'est aujourd'hui disponible sur les risques pouvant être liés à la consommation d'eau non conforme à des concentrations telles que celles observées en France. Il convient également de rappeler que la source principale de l'exposition aux pesticides par ingestion est l'alimentation."

 

          Qu'est ce que cela change ?

 

          Un exemple simple permet de comprendre. Pour l'atrazine, pesticide très fréquemment retrouvé dans les eaux en France, la V Max est de 2 μg/L.

 

          Avant la note de 2010, dès que la valeur de 20% de la V Max était dépassée pendant plus d'un mois, soit 0,4 μg/L d'atrazine, une interdiction temporaire de consommation était prononcée.

 

          Depuis la note de 2010, c'est 100% de la V Max, soit 2 μg/L d'Atrazine, qu'il faudra dorénavant dépasser pour voir l'eau interdite à la consommation, même si le dépassement dépasse 30 jours !

 

           « Autrement dit : on va tolérer dans de très nombreuses localités des quantités de pesticides dans l'eau 5 fois plus importantes qu'avant décembre 2010 ! » déclare François Veillerette, porte Parole de Générations Futures, association spécialisée dans la question des pesticides, qui s'insurge contre « une instruction du Ministère de la Santé passée inaperçue et visant à rendre plus commode la distribution d'eau polluée par des quantités de pesticides bien plus importantes qu'avant 2010. Ainsi pour un pesticide comme le folpet, pourtant classé cancérigène probable aux Etats Unis, on va maintenant tolérer jusqu'à 300 μg/L d'eau pendant plus d'un mois alors qu'auparavant on ne pouvait dépasser les 60 μg/L pendant la même durée ! » S’indigne t'il.

 

          Résultat : les statistiques s'améliorent, mais pas la réalité...

 

          Autre conséquence logique de cette nouvelle mesure dénoncée par Générations Futures : la baisse artificielle du nombre de personnes concernées par une présence excessive de pesticide nécessitant une restriction d'utilisation de l'eau. On est ainsi passé de 34 300 personnes touchées par ces restrictions en 2009 à une estimation de 8 939 dans le bilan de la qualité des eaux 2010 !

 

           « Cette amélioration en trompe l'œil n'est due qu'à une manipulation des valeurs de pesticides acceptées dans l'eau et pas à une véritable amélioration de la situation » proteste François Veillerette qui voit là « la preuve que les autorités publiques ont renoncé à améliorer la situation en changeant les pratiques agricoles en profondeur mais préfèrent changer les graduations du thermomètre que de faire vraiment baisser la fièvre ! Les candidats à l'élection présidentielle doivent se positionner et promettre de revenir sur ce changement de système qui va conduire à une exposition grandissante du public à des pesticides dangereux » Conclut-il.

                 

          Fin 2011, le WWF France annonçait, après une enquête approfondie de trois ans, que "les protocoles de mesure de la qualité de l'eau ont, à plusieurs reprises, été profondément édulcorés depuis une dizaine d'années. Ils sont entachés de nombreux biais qui conduisent à sous estimer très gravement l'ampleur de la pollution des rivières et des nappes phréatiques."

 

          Rappelons qu'en 2007, 57% des points d'eaux souterraines (forages, puits, etc.) en France, contenaient des pesticides. Or, ces ouvrages captent une nappe profonde, bien protégée des pollutions superficielles.

 

          Dans bien des domaines, le gouvernement s'illustre par sa capacité à annoncer des résultats en progression, alors que la situation sur le terrain empire, simplement en manipulant l'outil statistique à son avantage.

 

          karfa93



09/03/2012
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